phalènes qui ne volent que la nuit; ellesles avalent, pour
ainfi dire , tout entiers , & 1 on voit dans leurs excrcmens
les débris des ailes & des autres parties léchés qui ne
peuvent fe digérer. Étant un jour defcendù dans les
grottes d’Arcy pour en examiner les flalaélites, je fus
furpris de trouver fur un terrein tout couvert d’albâtre,
&. dans un lieu li ténébreux, & lî profond , une elpèce
de terre qui étoit d’une toute autre nature ; c etoit un
tas épais & large de plulieurs pieds d’une matière noirâtre,
prefqu’entièrement compofée de portions d’ailes
& de pattes de mouches & de papillons , comme fi
ces infèéîes fe fuffent raffemblés en nombre immenfe
& réunis dans ce lieu pour y périr & pourrir enfemble.
C e n etoit cependant autre choie que de la fiente de
chauve-fouris , amoncelée probablement pendant plu-
fieurs années dans l’endroit de ces voûtes foûterraines,
qu’elles, habitoient de préférence car dans toute l’étendue
de ces grottes, qui efl de plus ,d’un demi-quart de
lieue, je ne vis aucun autre amas d’une pareille matière,
& je jugeai que les chauve-fouris avoient fixé dans cet
endroit leur demeure commune , parce qu’il y parvenoit
encore une très-foible lumière par l ’ouverture de la
grotte , & qu elles n alloient pas plus, avant pour ne pas
s enfoncer dans une obfeurité trop profonde.
Les chauve-fouris font de vrais quadrupèdes , elles
n ont rien de commun que le vol avec les, oifeaux ;
mais comme 1 action de voler fuppofo une très-grande
force dans la partie fupérieure du corps & dans les
membres anterieurs , elles ont les mufcles peétoraux
beaucoup plus forts & plus charnus qu’aucuns des quadrupèdes
, & l’on peut dire que par-là elles reffemblent
encore aux oifeaux ; elles en diffèrent par tout le refie
de la conformation , tant extérieure qu’intérieure ; les
poumons , le coeur, les organes de la génération , tous
les autres vifcères font femblables à ceux des quadrupèdes
, à l’exception de la verge qui efl pendante & détachée
, ce qui efl particulier à l’homme , aux finges & aux
chauve - fouris ; elles produifènt , comme les quadrupèdes
, leurs petits vivans ; enfin elles ont, comme eux, des
dents &. des mamelles : l’on affiire qu’elles ne portent que
deux petits, qu’elles les alaitent & les tranfportent même
en volant. C ’efl en été qu’elles s’accouplent & qu’elles
mettent bas, car elles font engourdies pendant l ’hiver:
les unes fe recouvrent de leurs ailes comme d’un manteau
, s’accrochent à la voûte de leur foûterrain par les
pieds de derrière , & demeurent ainfi fufpendues ; les
autres fe colent contre les murs ou fe recèlent dans des
trous ; elles font toûjours en nombre pour fè défendre
du froid : toutes paffent l’hiver fans bouger, fans manger
, ne fe réveillent qu’au printemps, & fe recèlent de
nouveau vers la fin de l’automne. Elles fùpportent plus
aifément la diète que le froid , elles peuvent paffer plu-
fieurs jours fans manger , & cependant elles font du
nombre des animaux carnaffiers; car lorfqu’elles peuvent
entrer dans une office , elles s’attachent aux quartiers-
de lard qui y font fufpendus, & elles mangent auffi.
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