2<jz H i s t o i r e N a t u r e l l e
plus noir, carnaffier, & attaquant fouvent ies chevaux
& les autres animaux , fur-tout en automne ; le troifième
( Myrebiorn) qui eft le plus petit de tous, & qui ne
laiffe pas d’être nuifible ; il fe nourrit., dit-il, de fourmis,
& fe plaît à renverfer les fourmillières. On a remarqué
( ajoûte-t-il fins preuve ) que ces trois efpèces fo
mêlent, & produifent enferrrble des efpèces intermédiaires
; que ceux qui font carnaffiers attaquent les
troupeaux , foulent toutes ies bêtes' comme le loup , &
n’en dévorent qu’une ou deux ; que quoique carnaffiers.,
ils mangent des fruits fituvages r & que quand il y a une
grande quantité de forbes, ils font plus à craindre que
jamais, parce que ce fruit acerbe leur agace fi fort les
dents , qu’il n’y a que le fing & la graiffie qui puiffent
leur ôter cet agacement qui les empêche de manger.
Mais la plulpart de ces faits rapportés par Wormius
me paroiffent fort équivoques, car il n’y a point d’exemple
que des animaux dont les appétits font cOnftarament
différens , comme dans.-les deux premières efpèces,
dont les uns ne mangent que de l’herbe & des feuilles,
& les autres de la chair & du fang , fe mêlent enfemble
& produifent une efpèce intermédiaire ; d’ailleurs ce
font ici les ours noirs qui font, carnaffiers , & les bruns
qui font frugivores, ce qui eft abfolument contraire à
la vérité. De plus , le P. RzaczynskLPolonois, & M.
Klein de Dantzicb, qui ont parlé des ours de leur pays,
n’en admettent que deux elpèces, les noirs & les bruns
Auüuarr. Hiß. Nat. pag. 32. | b De quadrup. pag, 82.
ou roux , & parmi ces derniers , des grands & des
petits : ils difent que les ours noirs font les plus rares,
que les bruns font au contraire fort communs , que ce
font les ours noirs qui font les plus grands & qui
mangent les fourmis, & enfin que les grands ours bruns
ou roux font les plus nuifibles & les plus carnaffiers.
Ces témoignages , auffi-bien que ceux de M. du Pratz
& du baron de la Hontan, font, comme l’on voit, tout-
à-fait oppofés à celui de Wormius que je viens de citer.
En effet, il paroît certain que les ours rouges, roux ou
bruns, qui le trouvent non feulement en Savoie, mais
dans les hautes montagnes, dans les vaftes forêts, &
dans prefque tous les déferts de la terre r dévorent les
animaux vivans , & mangent même les voieries les plus
infeétées. Les ours noirs n’habitent guère que le,s pays
froids ; mais on trouve des ours bruns ou roux dans
les climats froids & tempérés, & même dans les régions
du midi. Ils étoient communs chez les Grecs ; les
Romains en fàifoient venir de Libye3 pour fervir à leurs
Ipeclacles ; il s’en trouve à la Chine b, au Japon c, en
Arabie y en Egypte , & jufque dans fille cle Java &
1 Herodot Solin. Criait, à“ alii. Quod freno Lihyci domantur urjt,
dit Martial.
h Hiftoire générale des voyages, par M. l’abbé Prévoit, tome 111,
page 2. Hiftoire Naturelle du Japon, par Koempfer, tome I,page
j 0p.
Strabo, Lib. 1 6. Prolp. Alpin, pag. 23 p.
,rYo)'age autour du inonde de le Gentil. Paris,, r'yip, tome III,
Page h -
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