chofe qu’un blaireau, auquel on a fait un groin de
cochon. L auteur ne dit pas qu on ait defliné cet animal
d’après nature, & il n’en donne aucune defcription. Le
mufeau très - alongé & le groin mobile en tous fens „
ftiffifent pour faire diftinguer le coati de tous les autres
animaux ; il a , comme l’ours, une grande facilité à fe
tenir debout fur les pieds de derrière, qui portent en
grande partie fur le talon, lequel même eft terminé par
de groflès callofites qui femblent le prolonger au dehors,
& augmenter l’étendue de l ’alfiette du pied.
L e coati eft ftijet à manger fa queue, qui, lorfqu’elle
n a pas ete tronquée, eft plus longue que fon corps ;
il la tient ordinairement élevée, la fléchit en tous fens,
Si la promène avec facilité. Ce goût ftngulier, & qui
paroît contre nature, n’eft cependant pas particulier au
coati ; les linges , les makis, & quelques autres animaux
à queue longue , rongent le bout de leur queue , en
mangent la chair & les vertèbres , & la raccourciflent
peu à peu d’un quart ou d’un tiers. On peut tirer de là
une indudion générale, c ’eft que dans des parties très-
alongées , & dont les extrémités font par conféquent
très - éloignées des fens & du centre du fentiment, ce
même fentiment eft foible , & d’autant plus foible que
la diftance eft plus grande & la partie plus menue ;
car li l’extrémité de la queue de ces animaux étoit une
partie fort fenfible, la fenlàtion de la douleur feroit plus
forte que celle de cet appétit, & ils conferveroient leur
queue avec autant de foin que les autres parties de
leur
leur co rp s . A u refte le coa ti e ft un animal d e p ro ie qui
f e nourrit de chair & de fa n g , q u i , c om m e le renard
o u la fo u in e , é g o rg e le s petits animaux , les v o la il le s 3 ,
mange les oeufs , c h e r c h e les nids des o ife a u x b ; & c ’ eft
p ro b a b lem en t par c e tte co n fo rm ité d e n a tu re l, p lu ftô t
q u e par la r e flem b lan c è d e la fou ine , q u ’ on a regardé
le coa ti c om m e une e fp è c e d e p e tit renard .
Nota. On trouve dans le feptième volume de l’Académie royale des
Sciences de Suède, un Mémoire de M. Linnceus fur le Coati-mondi.
Nous croyons devoir rapporter ici l’extrait que l’auteur de la Bibliothèque
rdifonnée a fait de ce Mémoire, làns prétendre garantir les faits
qui y font rapportés.
« M. Linnæus donne dans un Mémoire l’hiftoire naturelle du
Coati - mondi. Cet animal fe trouve également dans l’Amérique méri- «
dionale & dans la feptentrionale. Il approche de l’ours par la longueur «
de fos jambes de derrière, fa tête penchée, fon poil épais, & par lès ce
pattes ; mais il eft petit & familier, & là queue eft fort longue , & ce
rayée de differentes couleurs. M. le Prince fuccefleür de Suède avoit ce
fait préfent d’un de ces animaux à M. Linnæus, qui l’a entretenu allez ce
long-temps dans là maifon aux dépens des douceurs qu’il pouvoit attra- ce
per, & quelquefois de ceux de là balïè-cour, où le Coati-mondi, ce
malgré le droit de l’hofpitalité, emportoit des têtes a coup de dent, & ce
humoit le läng. Il eft remarquable par fon extrême opiniâtreté à ne ce
rien faire contre fon gré. Malgré là petiteffe , il fe défendoit avec ce
une force extraordinaire lorfqu’on le faifoit marcher malgré lui, & lë ce
cramponnait contre les jambes des perfonnes dont il alloit familièrement ce
ravager les poches & confifquer ce qu’il ÿ trouvoit à fa bienféance. Cette ce
g Vid. Marcgrav. Hiß. Brafd. pag. 22 S.
‘ Voyez les Singularités de la France antarélique, par Thevet,
page p i.
c Vulpes minor, &c. Barrère, Hiß. Nat. de la France équinoâiale.
Tome V III. Z z