LE C O A T I . *
lusieurs Auteurs ont appelé coati-mondi i’animal
dont il eft ici queftion : nous l’avons eu vivant, & après
l’avoir comparé au coati indiqué par Thevet, & décrit
par Marcgrave, nous avons reconnu que c’étoit le même
animal qu’il ont appelé coati tout' court, & il y a toute
apparence que le coati-mondi n’eft pas un animal d’une
autre efpèce, mais une fimple variété de celle-ci; car
Marcgrave , après avoir donné la defcription du coati,
dit précifément qu’il y a d’autres coati qui font d’un
brun noirâtre , que l’on appelle au Brefil coati-mondi
pour les diftinguer des autres : il n’admet donc d’autre
différence entre le coati & le coati - mondi, que celle
de la couleur du poil , & dès-lors on ne doit pas les
confidérer comme deux efpèces diftinéles , mais les
regarder comme des variétés dans la même elpèce.
Le coati eft très-différent du raton que nous avons
décrit dans l’article précédent; il eft de plus petite taille,
il a le corps & le cou beaucoup plus alongés , la tête
* Le Coati, Cuati. Singularités de la France antarctique, par André
Thevet. Paris, 1 ; ; S, pages p p ù19 6.
Coati. Marcgrav. Hiß. Nat. Rrafil. pag. 228.
Coati - mondi. Hiß. de l'Acad, tome 111, partie i l , page 1 7.
Vulpes minor, roßro fuperiori longiufculo, caudâ annulatim ex nigro
rufo variegatâ. Barrère, Hiß. de la Fr. Éq. pag. 1 6 y.
Urfus nafo produâo df mobili, caudâ annulatim variegatâ. Le Coati-
mondi à queue annelée. Briffon, Regn. animal, pag. 26p.
au/fi plus longue, ainfi que le mufeau, dont fa mâchoire
fupérieure eft terminée par une efpèce de groin mobile,
qui déborde d’un pouce ou d’un pouce & demi au
delà de l’extrémité de la mâchoire inférieure, ce groin
retrouffé en haut, joint au grand alongement des mâchoires
, fait paroître le mufeau courbé & relevé en
haut. Le coati a auffi les yeux beaucoup plus petits que
le raton, les oreilles encore plus courtes, le poil moins
long, plus rude & moins peigné, les jambes plus courtes,
les pieds plus longs & plus appuyés fur le talon ; il avoit,
comme le raton , la queue annelée“ , & cinq doigts à
tous les pieds.
Quelques perfonnes penfênt que le blaireau-cochon
pourroit bien être le coati , & l’on a rapporté b à cet
animal le taxus fuilhts, dont Aldrovande donne la figure ;
mais fi l ’on fait attention que le blaireau - cochon dont
parlent les chaffeurs eft fuppofé fe trouver en France,
& même dans des climats plus froids de notre Europe,
qu’au contraire le coati ne fe trouve que dans les cln
mats méridionaux de l’autre continent , on rejettera
aifément cette idée, qui d’ailleurs n’eft nullement fondée
c ; car la figure donnée par Aldrovande n’eft autre
* Il y a suffi des Coati dont la queue eft d’une feule couleur;
mais comme ils ne different des autres que par ce feui caractère, celte
différence ne nous paroît pas fuffire pour en faire deux efpèces, & nous
eftimons que ce n’eft qu’une variété dans la même elpèce.
b Vid. Briffon. Regn. animal, pag. 2 (3.
'Voyez ce que nous avons dit du blaireau - cochon, Vol. V i l
de cet Ouvrage, à l’arricle du Blaireau.