terre & former une voûte affez élevée ; elles laiffent des
cloifons , des efpèces de pilliers de diftanee en diftanee;
elles preffent & battent la terre , la mêlent avec des
racines & des herbes, & la rendent fi dure & û folide
par défions, que l’eau ne peut pénétrer la voûte à caufe
de fa convexité & de là folidité ; elles élèvent enfuite
un tertre par delfous, au fornmet duquel elles apportent
de l ’herbe & des feuilles pour faire un lit à leurs petits ;
dans cette fituation ils fe trouvent au delfus du niveau
du terrein, & par conféquent à l’abri des inondations
ordinaires , & en même temps à couvert de la pluie
par la voûte qui recouvre le tertre fur lequel ils repofent.
C e tertre eft percé tout autour de plulieurs trous en
pente , qui defcendent plus bas & s’étendent de tous
côtés, comme autant de routes foûterraines par où la
mère taupe peut fortir & aller chercher la fubfiftance
nécellàire à les petits ; ces Tentiers foûterrains font
fermes & battus , s’étendent à douze ou quinze pas , &
partent tous du domicile comme des rayons d’un centre.
On y trouve, auffi-bien que fous la voûte, des débris
d’oignons de colchique , qui font apparemment la première
nourriture qu’elle donne à les petits. On voit
bien par cette dilpolition qu’elle ne fort jamais qu’à une
diftanee confidérahle de fon domicile , & que la manière
la plus fimple & la plus fûre de la prendre avec
fes petits , eft de faire autour une tranchée qui l ’environne
en entier & qui coupe toutes les communications
; mais comme la taupe fuit au moindre bruit &
q u ’e lle tâ ch e d ’em m en e r fe s petits , il faut trois ou
quatre h om m e s q u i , travaillant en fem b le a v e c la b ê c h e ,
e n lè v en t la m o tte tou te entière ou fa lfent une tranch é e
p refqu e dans un m om e n t , & qui enlùite le s faifdfent
ou le s a ttendent aux iftiies.
Q u e lq u e s au teu r sa o n t dit m a l-à -p ro p o s que la taupe
& le blaireau d o rm o ien t fàns manger pendant l ’h iv e r
entier. L e b la ir e a u , c om m e nou s l ’a von s dit b , fo r t
d e fon trou en h iv e r c om m e en é té ., p o u r c h e r c h e r fà
fu b fiftance , & il eft a ile d e s ’en affurer par le s traces
q u ’il laide fur la n e ig e . L a taupe d o r t fi p eu pendant tout
l ’h iv e r , q u ’e lle p o u ffe la terre c om m e en été , & que les
g en s d e la camp a gne d ife n t , c om m e par p ro v e rb e : les
taupes pouffent, le dégelnejlpas loin. E lle s c h e r ch e n t à la
v é r ité le s endroits le s plus chauds : les Jardiniers en
p rennent fo u v en t autour d e leurs c o u c h e s aux m o is d e
d é c em b r e , d e janv ie r & d e février.
L a taupe ne fe trou v e g u è r e que dans le s pa ys cu ltiv
és ; il n ’y en a p o in t dans les deferts arides ni dans le s
climats fro id s , o ù la terre eft g e lé e pendant la plus
grande partie d e l ’année. L ’animal q u ’on a ap p e lé taupe
d e S ib é r ie c , qui a le p o il v e rd & o r , e ft d ’une e fp è c e
différente d e nos ta u p e s , qui ne fo n t en a b on d an c e q u e
Urfus, Meles, Erinaceus, Talpa, Vefpertilio-per hyemem dormimt
alfiemü. Linnæi Fauna Juecica. Stockolmioe, 1 74.6, pag. 8.
b Voyez l’article du Blaireau , page 10 6 du feptième volume de
cette Hiftoire Naturelle.
* Vid. Albert. Seba, Amjielædami, 1734, Vol. 1 , pag. y,
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