nous donner des connoiflànces plus exactes & plus étendues for
ces fix elpèces d’animaux.
L e cerf (pl. i x ) diffère moins du taureau que du bélier &'
du bouc par la grandeur de la taille, la forme du rnulèau, la
longueur & la qualité du poil; mais fi l’on compare la taille
légère du cerf à la pelante figure du taureau, on croira trouver des
différences eflentieiles entre ces deux animaux dans la conformation
des parties intérieures de leur corps. C ’eft ainfi que le
premier coup d’oeil nous induit prefque toujours en erreur; il
n’y a que des oblèrvations fuivies qui puiffènt être de fors garans
de la vérité des faits. Dès que l’on examine en détail les parties
extérieures & intérieures du cerf, on reconnoît que cet animal,
qui perce avec tant de promptitude le fort des bois , qui
s’élance avec tant de rapidité dans les plaines , qui bondit
avec tant de force & de légèreté, reflèmble beaucoup, par là
conformation, au boeuf le plus épais, le plus lent & le plus
lourd. Leurs vilcères ne different d’une manière apparente que
par le défaut de la véficule du fie l, qui ne le trouve pas dans le
cerf, par la conformation des reins,. la figure de la rate & du
gland, & par la longueur de la queue. A u refte, le cerf a le même
nombre d’os que le taureau, & quoiqu’ils foient plus minces &
plus alongés, cependant ils font figurés & articulés de la même
façon. Le cerf a de plus que le taureau deux crochets à la
mâchoire fopérieure, fon bois eft folide & branchu, tandis
que les cornes du taureau font creulès & ne portent aucune
branche.
L a fobftance du bois de cerf diffère aufli de celles des cornes
du taureau, du bélier, du bouc, &c . je ne lais fi ç’a été par cette
raifon, ou à caufe de la différence de figure, que l’on a changé
le nom de cornes en celui de bois, car les Grecs & les Latins
navoient qu’un foui nom pour la dénomination de ces deux
produirons animales; & même parmi nous on dit encore, en
termes de pharmacie & de chymie, des cornes de cerf, & non
pas des bois de cerf. Peut-être aufli le mot de bois, pris pour
celui de corne, n’a -t-il été d’abord qu’un terme de chaflè, dont
l’ufàge efl. devenu général. Nous adoptons ce terme en Hiftoire
Naturelle pour nous conformer à cet ulâge, & parce qu’il a
d’ailleurs un autre avantage, qui efl: de défigner par fa fignification
propre la nature des cornes de cerf, qui efl: très-différente de
celle de la vraie corne, & qui a rapport à la fobftance du bois
par là texture & par fon accroiffement. Mais je n’emploierai
pas, dans la defcription du cerf, d’autres termes, qui foroient
déplacés dans cet ouvrage, relativement à la comparaifon que
nous ferons des différentes parties du cerf avec celles des autres
animaux : une telle différence dans les expreffions paroîtroit
affectée, & nuiroit à l’intelligence de la choie. Je ne nommerai
donc pas, comme les chaffeurs, les cornes de cet animal tête,
le front ou partie de l’os frontal têt, la tête maffacre, le corps
corfage, la croupe cimier, la peau nappe, le membre nerf, les
tefticules daitniers, les ergots gardes, les talons épongés, les couleurs
pelage, &c . de même que j’ai évité, dans la defcription
du fanglier, les termes qui ne font pas ufités pour le cochon'
domeftique.
Le bois de cerf étant folide & n’ayant point de cavité à
1 intérieur, comme les cornes du taureau, les deux prolongemens
©deux qui fe trouvent fur l’os frontal du cerf, comme fur celui
du taureau, ont une figure différente, car ils n’entrent pas dans
i intérieur du bois : iorfque le faon a environ fix mois , ils
commencent à paroître fous la forme de deux tubercules que l’on
appelle les boffes ou boffettes ; alors le faon change aufli de nom, &