Ariftote *, Théophrafte b, Pline c, difent tous que ton
a vu du lierre s’attacher, pouffer & croître fur le bois
des cerfs torfqu’il efr encore tendre: fi ce fait eft vrai,
& il feroit facile de s’en affurer par l’expérience, il prouverait
encore mieux l ’analogie intime de ce bois avec
le bois des arbres.
: Non feulement les cornes & les défenfes des autres
animaux font d’une lu b fiance très-différente de celle du
bois du cerf, mais leur développement, leur texture,
leur accroiffcment & kurïorme, tant extérieure qu’intérieure
, n’ont rien de fcmblable ni même d’analogue
au bois. Ces parties , comme les ongles , les cheveux ,
les crins, les plumes, les écailles, croiffent à la vérité
par une cfpèce de végétation, mais bien differente de
la végétation du bois. Les cornes dans les bceufs, les
chèvres,-■ les gazelles , &-c. font creufes en dedans,
au lieu que1 le bois du cerf eft folide dans toute fon
épaiffeur: la fubftance de ces cornes eft la meme que
celle des ongles, des ergots, des-écailles; celle du bois
de cerf, au contraire, reffemble plus au bois qu a
- Captas jametrvus eft,1 hederam fuis matant cornibus gerens viridem,
quoe cornu adhuc tcnello forte injirta., quafi Hguo viridi coaluerit. Arjft.
Hift. animât, t. IX , e. j.
*> Hedera in mu/tis creatur, & quod mirabiliùs, vifa eft in cornibus
terri etïam aliquando. Commovit "(jnquit Jul. Scaligcr apud Theophraftum)
yimm atcuratürn cefvi cornibus hccrens hedera: quid enim eo feminiunt
detulit, & c . Lîb. p | de Cauf Plant, eap. 23.
c In moüioribus cervomm cornibus hedera coaiefcit, dmn ex arborant
cttritu ilia experiuntur, Piin. de admirand. auditionibus.
toute autre fubftance. Toutes ces cornes creufcs font
revêtues en dedans d’un périofte, & contiennent dans
leur cavité un os qui les foutient St leur fert de noyau,
elles ne tombent jamais, & elles croiffent pendant toute
la vie de l’animal, en forte qu’on peut juger fon âge par
les noeuds ou cercles annuels de fes cornes. Au lieu de
croître, comme le bois du cerf, par leur extrémité fu-
périeure, elles croiffent au contraire, comme les ongles,
les plumes, les cheveux, par leur extrémité inférieure.
Il en eft de même des défenfes dé l’éléphant, de la
vache marine, du fànglier & de tous les autres animaux,
elles font creufes en dedans, & elles ne croiffent que par
leur extrémité inférieure; ainfi les cornes & les defenfes
n’ont pas plus de rapport que les ongles, le poil ou les
plumes , avec le bois du cerf.
Toutes les végétations peuvent donc fe réduire à trois
elpèces ; la première, où l’accroiffement fe fait par 1 extrémité
fupérieure, comme dans les herbes , les plantes,
les arbres, le bois du cerf & tous les autres végétaux;
la fécondé, où l’accroiffement fe fait au contraire par
l ’extrémité inférieure, comme dans les cornes , les
ongles, les ergots, le po il, les cheveux, les plumes, les
écailles, les défenfes, les dents & les autres parties extérieures
du corps des animaux ; la troifième eft celle
où J’accroiffement fe fait à la fois par les deux extrémités
, comme dans les o s , les cartilages, les mufcles,
les tendons & les autres parties intérieures du corps
des animaux : toutes trois n’ont pour caufe matérielle
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