tjue la furabondance de la nourriture organique, & pour
effet que l’affimilation de cette nourriture au moule
qui la reçoit. Ainfi l’animal croît plus ou moins vite à
proportion de la quantité de cette nourriture, & lorfqu’il
a pris la plus grande partie de ion accroiliément, elle
fe détermine vers les réfervoirs féminaux, & cherche
à fe répandre au dehors, & à produire, au moyen de
la copulation, d’autres êtres organifés. La différence
qui fe trouve entre les animaux qui, comme le cerf,
ont un temps marqué pour le rut, & les autres animaux
qui peuvent engendrer en tout temps, ne vient encore
que de la manière dont ils fe nourriffent. L ’homme &les
animaux domefliques, qui tous les jours prennent à peu-
près une égale quantité de nourriture, fouvent même
trop abondante, peuvent engendrer en tout temps : le
Cerf au contraire, & la plufpart des autres animaux fàu-
yages, qui fouffrent pendant l’hiver une grande difette,'
n’ont rien alors de furabondant , & ne font en état
d’engendrer qu’après s’être refaits pendant l’été ; & c’efl
auffi immédiatement après cette fàifon que commence
le rut, pendant lequel le cerf s’épuife fi fort, qu’il relie
pendant tout l’hiver dans un état de langueur; là chair
eft même alors fi dénuée de bonne fubftance, & fon
fang efl fi fort appauvri, qu’il s’engendre des vers fous
fa peau, lefquels augmentent encore fa mifère, & ne
tombent qu’au printemps lorfqu’il a repris, pour ainfi
dire, une nouvelle vie par la nourriture aétive que lui
fouiiiiffent les productions n o u v e ll e s de la terre;,
Toute fa vie fe paffe donc dans des alternatives de
plénitude & d’inanition , d’embonpoint & de maigreur,
de fanté, pour ainfi dire, & de maladie, fans que ces
oppofitions fi marquées, & cet état toujours exceffif,
altèrent fa conftitution ; il vit auffi long-temps que les
autres animaux qui ne font pas fujets à ces viciffitudes.'
Comme il efl cinq ou fix ans à croître, il vit auffi fept
fois cinq ou fix ans, c ’efl-à-dire, trente-cinq ou quarante
ans a. Ce que l’on a débité fur la longue vie des
cerfs, n’efl appuyé fur aucun fondement; ce n’efl qu’un
préjugé populaire, qui régnoit dès le temps d’Ariftote;
& ce philofophe dit avec raifon b , que cela ne lui
paraît pas vrai-femblable, attendu que le temps de la
geflation & celui de l’accroiffement du jeune cerf n’indiquent
rien moins qu’une très-longue vie. Cependant,
malgré cette autorité, qui feule aurait dû fuffire pour
détruire ce préjugé, il s’efl renouvelé dans des fiècles
d’ignorance par une hiftoire ou une fable que l’on a
faite ,d’un cerf qui fut pris par Charles Y I , dans la forêt
de Senlis, & qui portoit un colier fur lequel étoit écrit,
Cæfar hoc me donavit ; & 1’on a mieux aimé fuppofer mille
3ns de vie à cet animal, & faire donner ce collier par un
* Pour moi, fans entrer clans aucune difcullion à ce fujet, mon
jfèntiment eft que les cerfs ne peuvent vivre plus de quarante ans.
JVouVeau Traité de la Vénerie, page 1 4 ï .
h Vitâ ejje perquam longâ hoc animal fe rtïïr, f e d nihil certi ex ïis
tpioe narrantur videmus ; nec gejlatio aut incrcmentum hinnulli ita, eyetiU
quaji yita ejfet priïlonga. Arift. Hift. animal iib. V I , c. 2p.
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