gîte à la furface de la terre, où il demeure continuellement
expofé, tandis que l’autre, par un inftinét plus
réfléchi, fe donne la peine de fouiller la terre & de s’y
pratiquer un afyle ; & il eft fi vrai que c’eft par fenti-
ment qu’il travaille , que l’on ne voit pas le lapin
domeflique faire le même ouvrage ; il fe difpenfe de
fe creufer une retraite, comme les oifeaux domeftiques
fe difpenfent de faire des nids, & cela parce qu’ils font
également à l’abri des inconvéniens auxquels font ex-
pofés les lapins & les oifeaux fauvages. L ’on a fonvent
remarqué que quand on a voulu peupler une garenne
avec des lapins clapiers, ce s lapins & ceux qu’ils pro-
duifoient, reftoient, comme les fièvres, à la furface de
la terre, & que ce n’étoit qu’après avoir éprouvé bien
des inconvéniens, & au bout d ’un certain nombre de
générations, qu’ils commençoient à creufer la terre pour
fe mettre en fureté.
Ces lapins .clapiers, ou domeftiques, varient pour
les couleurs , comme tous les autres animaux domeftiques
; le blanc, le noir & le gris * font cependant
les feules qui entrent ici dans le jeu de la Nature : les
lapins noirs font les plus rares, mais il y en a beaucoup
de tout blancs, beaucoup de tout gris, & beaucoup de
mêlés. Tous les lapins fauvages font gris, & parmi les
lapins domeftiques, c ’eft encore la couleur dominante;
* J’appelle gris ce mélange de couleurs fauves, npires & cendrées,
qui fait fa couleur ordinaire des lapins & des lièvres. Vûyi7 il-après
la defcript'nn du lapin.
car dans toutes les portées il fe trouve toujours des
lapins gris, & même en plus grand nombre, quoique
le père & la mère foient tous deux blancs , ou tous
deux noirs , ou l ’un noir & l’autre blanc ; il eft rare
qu’ils en faffent plus de deux ou trois qui leur ref-
femblent; au lieu que les lapins gris, quoique domeftiques
, ne produifent d’ordinaire que des lapins de
cette même couleur, & que ce n’eft que très-rarement
m comme par hafârd qu’ils en produifent de blancs, de
noirs & de mêlés.
Ces animaux peuvent engendrer & produire à l’âge
de cinq ou fix mois : on affure qu’ils font conftans
dans leurs amours, & que communément ils s’attachent
à une feule femelle & ne la quittent pas : elle eft
prefque toujours en chaleur , ou du moins en état de
recevoir le mâle : elle porte trente ou trente-un jours,
& produit quatre, cinq ou fix, & quelquefois fept &
huit petits : elle a , comme la femelle du lièvre, une
double matrice, & peut par conféquent mettre bas en
deux temps; cependant il paraît que les fiiperfétations
font moins fréquentes dans cette efpèce que dans celle
du lièvre, peut-être par cette même raifon que les
femelles changent moins fouvent, qu’il leur arrive moins
d’aventures, & qu’il y a moins d’accouplemens hors
de fàifon.
Quelques jours avant de mettre bas, elles fe creufent
un nouveau terrier, non pas en ligne droite, mais en
zigzag, au fond duquel elles pratiquent une excavation,
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