d e s c r i p t i o n
D U L A P I N .
IL y a autant de rapport dans la conformation du corps
entre le lapin & le lièvre, qu’entre l’âne & le cheval, qui,
de tous les animaux déjà décrits dans cet Ouvrage, fonr ceux
qui le refîèmblent le plus. Cette grande reffemblance du lapin
au lièvre mérite d’autant plus d’attention, que ces animaux ont
des moeurs très-différentes & beaucoup d’antipathie l’un pour
iautre, & qu’ils font dans l’état de pure nature: car il faut ici
comparer le lapin làuvage au lièvre ; ils n ont point été dénaturés
ni défigurés par l’état de domefticite, comme le cheval &
l’âne, dont nous ne voyons aucun individu fauvage.
Le lapin a, comme le lièvre , la lèvre fupérieuré' fendue
jufqu’aux narines, les oreilles alongées, les jambes de derrière
plus longues que celles de devant, & la queue courte. Les males
ont deux bourlès, une dans chaque aine, qui ne paroilfent pas
dans les lapereaux : fouvent 1 un des tellicules a déjà formé une
bourlë, tandis que l’autre tefticule neft pas encoie lôrti au
dehors. Le mâle & la femelle ont fur chaque aine un efpace
dégarni de poil, & il y a de chaque côté du périné du mâle
& de la vulve de la femelle, une glande placée au bord antérieur
d’un enfoncement qui eft dans la peau. Lorfque la verge ne
fort pas au dehors, on ne reconnoît l’orifice du prépuce du mâle
& l’ouverture de la vulve de la femelle , & on ne les diftingue
i’un de l’autre, qu’en ce que l’orifice du prépuce eft plus étroit
& plus éloigné de l’anus que la vulve; les véficules féminales
du mâle forment une poche fort grande; l’orifice interne de
fa matrice n’eft marqué que dans les femelles pleinés; l'allantoïde
du foetus eft placé comme dans le lièvre; enfin ces deux
animaux fê refîemblent par la conformation du coecuni & de la
poche qui fe trouve près de i’infertion de l'ileum avec le colon;
par le nombre, la figure & lafituation des dents, &c.
‘ 11 y a Cir Ie lapin . comme fur le lièvre, deux fortes de poils;
i’un plus long. & un peu plus ferme que l’autre qui eft doux
comme du duvet. Jai obfèrve les couleurs d’un lapereau fàu-
vage, mâle, qui avoit un pied un pouce & demi de longueur
depuis 1e bout du mufeau jufqu’à l’origine de k. queue; la longueur
des oreilles étoit de trois pouces, & celle du tronçon de
la queue de deux pouces & demi. Le dos, les lombes, le haut
des cotes du corps & les flancs, avoient une couleur mêlée de
noir & de £luve clair, qui paroiffoit grifè lorfqu’on ne la re-
gardoit pas de près, La plufpart des poils les plus longs & les
plus fermes étaient fauves à l’extrémité, ils avoient du noir au
delîous du fauve, & une couleur cendrée qui s’étendoit jufqu’à
la racine ; les autres n’avoient point de fauve à la pointe, &
étaient en partie noirs & en partie cendrés; les poils courts &
doux avoient auffi une couleur cendrée, excepté à la pointe qui
était de couleur fauve. 11 y avoit, comme dans le levraut, for
le fomrnet de la tête un duvet de couleur cendrée, entre des
poils plus longs & plus fermes, de couleur cendrée à la racine,
noire dans le milieu & fauve à l’extrémité. Les yeux étaient
auffi environnés d’une bande de couleur blancheâtre, qui s’étendoit
en avant jufqu’à la mouftache, & en arrière prefque
jufqu’à l’oreille. La partie antérieure de la face extérieure des
oreilles était mêlée de teintes tirant fur le jaune & fur le brun;
la partie poftérieure avoit une couleur grifâtre, & l’extrémité
,de l’oreille étoit noirâtre. Les lèvres, le deffous de la mâchoire
Terne VI. R r