D E S C R I P T I O N
D U C E R F .
Le s différences qui caraclérifent les diverfes efpèces d’animaux
quadrupèdes dépendent d’une fi grande variété de figure
& de conformation, que nous ne pouvons avoir qu’une idée
confufè & imparfaite de tous ces caractères Ipécifiques, lorique
nous les confidérons en trop grand nombre. Etonnés de i’im-
menfité de la Nature, nous admirons la toute-puiflànce de fon
Créateur; mais éblouis par tant de merveilles, nous ne dilcernons
aucun objet avec précifion. Loin de jeter nos regards indiftinc-
tement fur tous les animaux qui nous environnent, commençons
donc par examiner ceux qui ont le moins de caraétères différens;
c’eft le moyen le plus facile & le plus fur pour arriver à un
premier degré de connoifîànces. Cherchons enfoite d’autres eipèces
qui diffèrent beaucoup des premières, mais qui fè reflèmblent
entre elles plus qu’à toute autre; par cette féconde oblèrvation
non feulement nous diftinguerons ces nouvelles efpèces, mais
encore nous les comparerons aux premières , & focceflîvement
nous parviendrons à connoître exactement tous les animaux, en
quelque nombre que la Nature nous les préfènte.
Telle eft la méthode que l’on a ftiivie dans cet ouvrage. Ort
'a d’abord obfèrvé le cheval & l’âne, qui ont beaucoup de reflèm-
blance l’un avec l’autre par la conformation. Le taureau, le bélier
& le bouc font venus enfuite, parce qu’ils font très-différens du
cheval & de l’âne, & qu’ils fè reflèmblent beaucoup entre eux;
L e cochon a été placé dans l’ordre le plus naturel entre les
rtuuinans à pied fourchu que je viens de nommer, & les fiflipèdes
tels que le chien & le chat, puifque le pied fourchu du cochon
eft réellement compofé de quatre doigts, & que cet animal a
plufieurs autres caractères relatifs à ceux des animaux à pied
fourchu & à ceux des fiflipèdes, comme on l’a fait voir dans la
defoription qui en a ete faite.
Les eipèces des 'animaux folipèdes font en fi petit nombre,
& par conféquent fi reffemblantes les unes aux autres, que les
caraétères qui les diftinguent ne préfèntent aucun contrafte marqué.
O n ne peut y reconnoître cette diverfité de figure & de
conformation qui manifelte la différence des moyens que la
Nature emploie Pour produire un même effet dans l’économie
animale. A u contraire, le nombre des efpèces eft fi grand parmi
les animaux fiflipèdes, & on y trouve tant de caraétères différens;
que les rapports qu’ils ont entre eux dilparoiflènt dans cette
immenfé variété. On peut fàifir avec moins de difficulté les
rapports des caraétères Ipécifiques des animaux ruminans ; leurs
différences font fenfibles, quoique le nombre des efpèces ne foit
pas trop grand. Dans de telles limites, le fujet de nos recherchés
eft affez étendu pour fixer nos premières vue s, & pour nous
donner des lumières qui nous conduilènt à des connoifîànces
plus générales.
Nous avons décrit trois efpèces d’animaux ruminans, le taureau;
le bélier & le bouc, qui fé reflèmblent par les caraétères principaux,
& qui ne diffèrent que par des variétés dont la plufpart
viennent de l’état de domefticité. La comparaifon qui a été- Lite
de ces animaux les uns aux autres, nous mettra en état de
mieux connoître trois autres efpèces de ruminans, le cerf, le
daim & le chevreuil, qui ont auffî plus de reflembiances entre
eux que de différences, mais qui font aflèz diflerens des trois
premiers, foit par leur figure, foit par leur nature fàuvage, pouj: