'fine que les roux ; tous les chevreuils mâles qui ont
paffe deux ans, & que nous appelons vieux Brocards,
font durs & d’alfez mauvais goût : les chevrettes,
quoique du même âge, ou plus âgées, ont la chair plus
tendre; celle des faons, lorfqu’iis font trop jeunes, eft
mollaffe, mais elle eft parfaite lorfqu’ils^ont iin an
ou dix-huit mois; ceux des pays de plaines & de
vallées ne fiant pas bons ; ceux des terreins humides
font encore plus mauvais ; ceux qu’on élève dans des
parcs ont peu de goût; enfin il n’y a de bien bons
chevreuils que ceux des pays fecs & élevés, entrecoupés
de collines, de bois, de terres labourables, de
friches, où ils ont autant d’air, d’eljaace, de nourriture,
& même de folitude, qu’il leur en faut ; car ceux qui
ont été fouvent inquiétés font maigres, & ceux que l’on
prend après qu’ils ont été courus ont la chair infipide
& flétrie.
Cette eljaèce, qui eft moins nombreufe que celle du
cer f, & qui eft même fort rare dans quelques parties
de l’Europe , paroît être beaucoup plus abondante en
Amérique. Ici nous n’en connoiflons que deux variétés,
les roux qui font les plus gros, & les bruns qui ont
une tache blanche au derrière , & qui font les plus
petits ; & comme il s’en trouve dans les pays fepten-
trionaux aufli-bien que dans les contrées méridionales
de 1 Amérique , on doit préfumer qu’ils different les
uns des autres peut-être plus qu’ils ne diffèrent de ceux
d Europe:par exemple,ils font extrêmement communs
à la Louifiane a, & ils y font plus grands qu’en France ;
ils fe retrouvent au Brefil, car l’animal que l’on appelle
Cujuacu-apara ne diffère pas plus de notre chevreuil
, que le cerf de Canada diff ère de notre cerf ;
il y a feulement quelque différence dans la forme de
leur bois, comme on peut le voir dans la planche du
cerf de Canada donnée par M. Pérault, & dans la
planche X X X V I I , figg- i 2, où nous avons fut
repréfenter deux bois de ces chevreuils du Brefil ,
que nous avons aifément reconnus par la deferiptiop
& la figure qu’en a donné Pifon, « Il y a , dit-il, b
au Brefil des efpèces de chevreuils dont les uns n’ont
point de cornes & s’appellent Cujuacu-été, & les autres
ont des cornes & s’appellent Cujitacu-apara : ceux-ci,
qui ont des cornes , font plus petits que les autres ;
les poils font luifans , polis , mêlés de brun & de
blanc, fur-tout quand l’animal eft jeune, car le blanc
s’efface avec l ’âge. Le pied eft divifé en deux ongles
noirs, fur chacun defquels il y en a un plus petit qui
eft comme fuperpofé ; la queue courte, les yeux grands
& noirs, les narines ouvertes, les cornes médiocres,
à trois branches, & qui tombent tous les ans ; les
» On fait auffi beaucoup d’ufage,à Ia Louifiane, de la chair de
chevreuil : cet animal y elf un peu plus grand qu’en Europe, &
porte des cornes femblables à celles du cerf, mais il n’en a pas le
poil ni la couleur ; il fert aux habitans ainfi que le mouton ailleurs.
A ien t, fu r la Louifiane, par M. Dumont, tome I .'r,p a g e y p .
b P ifon . H iß . B ra ß . p a g . ÿ 8, oft Von en voit auffi la figure.