ceux que l’on appelle cerfs du Gange , & que fort
trouve dans les Mémoires drelfés par M. Perrault, fous
le nom de biches de Sardaigne ; ceux enfin auxquels les
voyageurs donnent le nom de cerfs au cap de Bonne-
efpérance, en Guinée & dans les autres pays chauds,
ne font pas de l ’efpèce de nos cerfs , comme on le
verra dans i’Hiftoire particulière de chacun de ces
animaux.
Et comme le daim efl un animal moins fàuvage,
plus délicat, & ,pou r ainfi dire, plus domeflique que
ie cerf, il efl auffi fujet à un plus grand nombre de
variétés. Outre les daims communs & les daims blancs,
dont on peut voir ci-après la defcription, l’on , en
connoît encore plufieurs autres; les daims d’Eipagne,
par exemple , qui font prefque auffi grands que des
cerfs, mais qui ont le col moins gros & la couleur
plus obfcure , avec la quelle noirâtre, non blanche
par delfous, & plus longue que celle des daims communs;
les daims de Virginie, qui font prefque auffi
grands que ceux d’Elpagne, & qui font remarquables
par la grandeur du membre génital & la groffeur des
tefficules; d’autres qui ont le front comprimé,. aplati
entre les yeux, les oreilles & la queue plus longues
que le daim commun, & qui font marqués d’une tache
blanche fur les ongles- des pieds de derrière; d’autres
qui font tachés ou rayés de blanc , de noir & de
fauve clair ; & d’autres enfin qui font entièrement
noirs : tous ont le bois plus veule, plus aplati, plus
étendu en largeur , & à proportion plus garni d’an-
douillers que celui du cerf; il efl auffi plus courbé en
dedans, & il fe termine par une large & longue empau-
mure, & quelquefois , lorfque leur tète efl forte & bien
nourrie, les plus grands andouiliers fe terminent eux-
mèmes par une petite empaumure. Le daim commun
a la queue plus longue que le cerf, 6c le pelage plus
clair. La tête de tous les daims mue comme celle
des cerfs, mais elle tombe plus tard; ils font à peu
près le même temps à la refaire, auffi leur rut arrive
quinze jours ou trois femaines après celui du cerf;
les daims raient alors affez fréquemment, mais d’une
voix baffe & comme entrecoupée ; ils ne s’excèdent
pas autant que le cerf, ni ne s’épuifent par le rut; ils
ne s’écartent pas de leur pays pour aller chercher les
femelles, cependant ils fe les difputent & fe battent
à outrance ; ils font portés à demeurer enfèmble, ils
fe mettent en hardes, 6c refient prefque toujours les
uns avec les autres. Dans les parcs, lorfqu’ils fe trouvent
en grand nombre , ils forment ordinairement
deux troupes, qui font bien diftinctcs, bien féparées,
& qui bien-tôt deviennent ennemies, parce qu’ils veulent
également occuper le même endroit du parc ;
chacune de ces troupes a fon chef qui marche le
premier, & c ’efl le plus fort 6c le plus âgé; les autres
fuivent, & tous fe difpofent à combattre pour chaffer
l ’autre troupe du bon pays. Ces combats font finguliers
par la difpofition qui paroît y régner ; ils s’attaquent