D E S C R I P T I O N
D U C H A T ;
Le s Chats ne diffèrent les uns des autres à l’extérieur que
par la couleur, la longueur & la qualité du poil; ils font
tous à peu près de la même taille, & ils fe refîemblent par la
figure, tandis qu’il y a de fi grandes différences entre les chiens par
la grandeur & par les proportions du corps, qu’on les prendroit
pour des animaux de différentes efpèces fi l’on ne confidéroit
que leur figure. A u contraire , à peine peut-on fe permettre de
diftinguer les chats domeftiques en diverfes races, puifqu’elles
ne different guère que par le poil. II eft donc certain que ces
animaux n’ont pas tant dégénéré de la race originaiie, par les
proportions du corps, que les chiens, puifquil n y a entreux que
des différences très-légères ; la preuve en efl évidente dans la
comparaifon que l’on peut faire des chats domeftiques avec le
chat fauvage qui exifte dans nos forêts.
L e chat fauvage repréfente la race originaire des chats dornel-
tiques, ils lui reflèmblent tous parfaitement par les principaux' caractères
de la figure extérieure & d elà conformation intérieure,
& ils n’en diffèrent que par des variétés ou des caraétères qui ne
font ni effentiels, ni par conlequent propres à conftituer une autic
efpèce. Le chat fauvage a le col un peu plus long-, & le fient
plus convexe que les chats domeftiques; il eft aufli grand que
ceux de la plus grande taille ; fon poü eft plus long & plus doux
que celui des chats domeftiques qui font dans notre climat depuis
plufieurs générations, car ceux qui viennent d’Angora ont le
poil plus long que celui du chat fauv a ge. La longueur du poil
contribue beaucoup à faire paraître cet animal plus grand &
plus gros qu’il ne l’eft etr effet. Les couleurs du poil font les
mêmes dans tous les individus de cette race, tandis quelles
varient dans les chats domeftiques, parmi lefquels il ne s’en
trouve que peu qui aient beaucoup de rapport au chat fauvage
par la couleur. La plupart de fes vifcères font moins larges,
moins longs, moins épais, moins gros & moins grands que
dans les chats domeftiques, comme on le verra dans la fuite de
cette defcription.
Cette différence du volume des vifcères eft la plus grande qui
foit entre les chats domeftiques & les chats fâuvages, c’eft aufli
celle qui mérite le plus l’attention des Naturaliftes. Le fait le plus
marqué que j’aie obfervé à cet égard, confifte dans la longueur
des inteftins, qui font dans les chats fauvages de plus d’un
tiers moins longs que dans les chats domeftiques. Si l’on n’avoit
que cette obfervation en ce genre, on ferait porté à croire que
l’abondance & la qualité des aiimens pourraient être la caufe de
l’étendue des inteftins dans les chats domeftiques : en effet iis ont
toujours à manger dans les maifons qu’ils habitent, tandis que les
chats fâuvages ne trouvent pas leur proie dans les forets toutes les
fois qu’ils en ont befoin. Mais le cochon ordinaire & le cochon de
Siam, quoiqu’animauxdomeftiques comme lé ch â t, nont pas les
inteftins plus longs que le fànglier qui eft fauvage. II eft vrai que
l’on pourrait objecter que le fànglier vit plus fouvent de racines &
de fruits que de chair , & qu’il trouve par conlequent plus aifoment
fâ nourriture que le chat fauvage qui ne fe repaît que de chair
& de fàng. Une troifième obfervation détruit cette objection : le
’ chien & le loup ont autant de rapport l’un à 1 autre qu en puiflènt
avoir des animaux de différente efpèce ; cependant les inteftins
du chien ne font pas plus longs que ceux du lou p , comme nous