» forme de panache; ils font fort prives: les Portugais en
ont porté de Perfe jufqu’aux Indes. » Pietro délia Valle
ajoute qu’il en avoit quatre couples , qu’il comptoit
porter en Italie. On voit par cette defcription , que ces
chats de Perfe relfemblent par la couleur à ceux que
nous appelons chats chartreux, & qu’à la couleur près
ils relfemblent parfaitement à ceux que nous appelons
chats d’Angora. Il eft donc vrai-femblable que les chats
du Chorazan en Perfe, le chat d’Angora en Syrie &
le chat chartreux ne font qu’une même race , dont la
beauté vient de l’influence particulière du climat de
Syrie, comme les chats d’Efpagne, qui font rouges,
blancs & noirs, & dont le poil eft auffi très-doux &
très-Iuftré, doivent cette beauté à l’influence du climat
de l’Efpagne. On peut dire en général, que de tous les
climats d *la terre habitable, celui d’Efpagne & celui de
Syrie font les plus favorables à ces belles variétés de la
Nature: les moutons, les chèvres, les chiens; les chats,
les lapins, &c. ont en Efpagne & en Syrie la plus belle
laine, les plus beaux & les plus longs poils, les couleurs
les plus agréables & les plus variées ; il femble que ce
climat adoucilfe la nature & embellilfe la forme de tous
les animaux. Le chat fauvage a les couleurs dures & le
poil un peu rude, comme la plufpart des autres animaux'
fauvages ; devenu domeftique, le poil s’eft radouci, les
couleurs ont varié , & dans le climat favorable du
Chorazan & de la Syrie le poil eft devenu plus long,
plus fin, plus fourni, & les couleurs fe font uniformément
adoucies, le noir & le roux font devenus d’un brun-clair,
le gris-brun eft devenu gris-cendré, & en comparant un
chat fauvage de nùs forêts avec un chat chartreux, on
verra qu’ils ne diffèrent en effet que par cette dégradation
nuancée de couleurs ; enfuite , comme ces animaux
ont plus'ou moins de blanc fous le ventre &aux côtés,
on concevra aifément que pour avoir des chats tout
blancs & à longs poils, tels que ceux que nous appelons
proprement chats d’Angora, il n’a fallu que choifir dans
cette race adoucie ceux qui avoient le plus de blanc
aux^ôtés & fous le ventre, & qu’en les unifiant enfemble
on fera parvenu à leur faire produire des chats entièrement
blancs, comme on l ’a fait auffi pour avoir des
lapins blancs, des chiens blancs, des chèvres blanches,
des cerfs blancs, des daims blancs, &c. Dans lé chat
d’Efpagne, qui n’eft qu’une autre variété du chat fauvage,
les couleurs, au lieu de s’être affaiblies par nuances
uniformes comme dans le chat de Syrie, fefont, pour
ainfi dire, exaltées dans le climat d’Efpagne & font
devenues plus vives & plus tranchées, le roux eft devenu
prefque rouge, le brun eft devenu noir, & le gris eft
devenu blanc. Ces chats, tranfportés aux ifles de
l ’Amérique ont confervé leurs belles couleurs & n’ont
pas dégénéré : « Il y a aux Antilles, dit le P. du Tertre,
grand nombre de chats, qui vrai-femblahlement y ont
ete apportés par les Efpagnols; la plufpart font marqués
de roux, de blanc & de noir: plufieurs de nos François,
apres en avoir mangé la chair, emportent les peaux en
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