habitations, des efpèces de bourgades, qui repréfentent
aflez bien les foibles travaux & les premiers efforts
d’une république naifTante. Dans les pays au contraire
où les hommes f'e font répandus, la terreur femble
•habiter avec eux , il n’y a plus de fbciété parmi les
animaux, toute induftrie ce (Te, tout art eft étouffé, ils
ne fongent plus à bâtir, ils négligent toute commodité;
toujours preffés par la crainte & J a nécelTité , ils ne
cherchent qu’à vivre, ils ne font occupés qu’à fuir &
fe cacher; & fi, comme on doit le fuppofer, l’efpèce
humaine continue dans la fuite des temps à peupler
également toute la furface de la terre, on pourra dans
quelques fiècles regarder comme une fable i’hifloire
de nos caftors.
On peut donc dire que les animaux, loin d’aller en
augmentant, vont au contraire en diminuant de facultés
Si de talens ; le temps meme travaille contre eux : plus
l’efpèce humaine fe multiplie,.fe perfeétionne, plus ils
fentent le poids d’un empire auffi terrible qu’abfolu,
qui leur laiffant à peine leur exilfence individuelle, leur
ôte tout moyen de liberté, toute idée de fociété, &
détruit jufqu’au germe de leur intelligence. Ce qu’ils
font devenus, ce qu’il| deviendront encore, n’indique
peut-être pas affez ce qu’ils ont été, ni ce qu’ ils
pourroient être. Qui fait, fi l’efpète humaine éloit
anéantie, auquel d ’entr’eux appartiendrait le feeptre
de la terre !
L E CERF. *
~\f o i c i l ’un d e c e s animaux in n o c e n s , d o u x & tranquilles
, qui ne fem b len t ê tre faits que p o u r em b e llir ,
animer la fo litu d e des f o r ê t s , & o c c u p e r lo in d e nous-
le s retraites paifibles d e c e s jardins d e la Nature. Sa
fo rm e élégante Si lé g è re , là taille auffi fv e lte que b ien
p r i f e , fes m embres fle x ib le s Si n e r v e u x , fa tê te pa rée
p lu ftô t q u ’armée d ’un b o is v iv a n t , & q u i , c om m e la
c im e des a rb re s , tous les ans fe r e n o u v e l le , fa g ra n d eu r ,
fa lé g è r e t é , fà f o r c e , le diffin gu en t a lle z des autres ha-
bitans d es b o is ; & c om m e il eft le plus n o b le d ’ entre
e u x , il ne fe rt auffi q u ’aux plaifirs des plus n o b le s d e s
h om m e s ; i l a dans tous le s temps o c c u p é le lo ifir d e s
h é ro s : l ’ e x e r c ic e d e la chaffe d o it fu c c é d e r aux travaux
d e la g u e r r e , il d o it m êm e les p r é c é d e r : fa v o ir
* Le Cerf; en Grec, E'xaipofen Latin, Cervus; en Italien, Cervo;
en Efpagnol, Ciervo; en Portugais, Veado; en Allemand, Hirfch;
en Anglois, Red-Deer; en Danois, Hort : en Suédois, Kron-Hiort;:
en Hoibndois, Hert ; en Polonois, Jelijem.
Cervus, Gelner, le on. animal, quadr. pag. 43 4 4 .
Cervus, Aldrov. Quadr. bifutc. p. p y i 7 7^ .
Cervus, Jonfton. Hiß. Nat. quadr. p. p 8. tab. XXXV. fig. 1.
Cervus, Charleton. de differ. animal, p. 8.
Cervus, Ray. Synop. animal, quadr.p. 84.
Cervus comibus ramofis, teretibus, incurvatis. Linn. Syfl. nat.
Cervus m b ilis, Tamis teretibus, omnibus notus. Klein. Quadr. Hiß,i
Nat. p. s g .