& d’ailleurs le Lois que portent les femelles eft fort
petit en comparaifon de celui des mâles. Cet exemple
prouve donc feulement que quand la furabondance eft
fi grande qu’elle ne peut être épuifée dans la geftation
par FaccroiiTcment du foetus , elle fe répand au dehors,
& forme dans la femelle, comme dans le mâle, une
production femLlable, un bois qui eft d’un plus petit
volume , parce que cette furabondance eft auffi en
moindre quantité.
C e que je dis ici de la nourriture ne doit pas s’entendre
de la maffe ni du volume des alimens, mais
uniquement de la quantité des molécules organiques que
contiennent ces alimens : c ’eft cette feule matière qui
eft vivante, aétive & productrice ; le refte n’eft qu’un
marc, qui peut être plus ou moins abondant fans rien
changer à l’animal. Et comme le lichen, qui eft la
nourriture ordinaire dii renne, eft un aliment plus fub-
ftantiel que les feuilles, les écorces ou les boutons des
arbres dont le cerf fe nourrit, il n’eft pas étonnant qu’il
yaitpfus de furabondance de cette nourriture organique,
& par conféquent plus de bois & plus de venaifon dans
le renne que dans le cerf. Cependant il faut convenir
que la matière organique qui forme le bois dans ces
efpèces d’animaux, n’eft pas parfaitement dépouillée des
parties brutes auxquelles elle étoit jointe, & qu’elle
grande venaifon que.n’a un cerf en fa fâifon. Foyeçh chaflè du roi
Phoebus, imprimée à la fuite de, la Vénerie de du Fouilioux. Rouen ,
f 6p 0 , page p y.
conferve encore, après avoir paffé par le corps de l’animal
, des caractères de fon premier état dans le végétal.
Le bois du cerf pouffe, croît & fe compofe comme le
bois d’un arbre : fa fubftance eft peut-être moins ofleufe
que ligneufe ; c ’eft, pour ainfi dire, un végétal greffé fur
un animal, & qui participe de la nature des deux, &
forme une de ces nuances auxquelles la Nature aboutit
toujours dans les extrêmes, & dont elle fe fert pour
rapprocher les chofes les plus éloignées.
Dans l’animal, comme nous l’avons dit * , les os
croiffent par leurs deux extrémités à la fois ; le point
d’appui contre lequel s’exerce la pui(lance de leur ex-
tenfion en longueur, eft dans le milieu de la longueur
de l ’os : cette partie du milieu eft auffi la première
formée, la première offifiée, & les deux extrémités
vont toujours en s’éloignant de la partie du milieu, &
relient molles jufqu a ce que l ’os ait pris fon entier ac-
croiffement dans cette dimenfion. Dans le végétal au
contraire , le bois ne croît que par une feule de fes
extrémités ; le bouton qui fe développe & qui doit
former la branche, eft attaché au vieux bois par l’extrémité
inférieure, & c ’eft fur ce point d’appui que
s’exerce la puiiïànce de fon extenfion en longueur.
Cette différence fi marquée entre la végétation des os
des animaux & des parties folides des végétaux, ne fe
* Voyc^ l’article de la vieillefïê & de fa mort, dans fe fécond
volume de cet Ouvrage.
L iij