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peau mollasse qui ne donne qu’un faible appui à leur
système musculaire, font que les moyens de ces animaux
, pour leurs actions, sont d’une très-grande infériorité
comparativement à ceux que possèdent les insectes.
Placés sur la limite supérieure des animaux sans vertèbres,
on dirait que les mollusques sont en quelque
sorte dans un état de révolution organique. La nature
semble ne plus rien faire pour eux. Occupée à transporter
les points d’appui du système musculaire sur un
squelette intérieur, elle établit un ordre de choses tout-
à-fait nouveau, en formant les animaux vertébrés. Ainsi
les mollusques, n’ayant pu obtenir cette moelle longitudinale
noueuse des animaux articulés, et ne possédant
pas. non plus cette moëlle épinière dorsale, propre à
tous ceux qui sont vertébrés , terminent la nombreuse
série des animaux inarticulés , en conservant une faiblesse
de moyens que la composition de leur organisation
n’a pu détruire.
Les mollusques, très-nombreux , très-diversifiés , constituent
une des grandes classes du règne animal. Dans
mon premier cours au Muséum d’Histoire naturelle,
en 1794 ? je les plaçai en tète des animaux sans vertèbres,
avant les izisectes, contre l ’opinion des zoologistes,
qui suivaient alors l’ordre établi par Linné.
L étude de ces singuliers animaux présente beaucoup
d’intérêt sous différens rapports ; elle en offre surtout
par la grande diversité de leur forme, de leur mode de
respiration, des pièces solides ou testacées qu’ils produisent,
et des lieux qu’ils habitent.
Ces animaux ont le corps charnu, mollasse, éminemment
contractile, et doué de la faculté de régénérer les
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parties qu’on lui enlève. Ce corps n’est ni articulé ni
divisé par des anneaux distincts. Il est recouvert par
une peau molle, jamais crustacée ni cornée, très-sensible
, susceptible de se prêter à ses allongemens et à ses
contractions, les effectuant elle-même par les muscles
qui y adhèrent en dessous. Cette peau est en tout temps
humide , et comme enduite d’une liqueur visqueuse et
gluante qui en suinte perpétuellement. Elle est uniquement
le tégument propre de l’animal, et est tout-à-fait
indépendante de toute autre enveloppe solide qui peut
le renfermer. Dans presque tous les mollusques, elle
fournit un appendice membraneux ou charnu , varié
dans son étendue et sa forme, et auquel on a donné le
nom de manteau , parce qu’il y ressemble quelquefois.
Tous les animaux dont il s’agit ont une tête presque
toujours distincte, placée à la partie antérieure de leur
corps , et qui offre, le plus souvent, des yeux et des tentacules.
Les uns ont une bouche avec ou sans mâchoires,
terminant un museau court ; d’autres ont une trompe
exsertile, presque toujours armée de petites dents solides
et cornées, en son bord interne ; et d’autres encore, sans
offrir aucun museau, ont la bouche verticale, et munie
de deux mandibules cornées, crochues et très-fortes. Il
y en a enfin qui ont un syphon saillant pour amener
l ’eau aux branchies, une production charnue qu’on
nomme leur pied et qui leur sert presque généralement
pour ramper, une cuirasse, des nageoires, etc., etc .,
parties dont beaucoup d’autres sont dépourvus.
Les mollusques ont le sang blanc ou bleuâtre; leurs
muscles sont blancs , très-irritables , et en général attachés
sous la p|eau, ainsi que dans l’épaisseur du manteau.
Leur corps est allongé, quelquefois ovale, médio