avoir considérablement réduit leur sensibilité. 11 se pourrait
cependant que cette sensibilité fût, jusqu’à un certain
point, suppléée par une irritabilité plus grande
dans quelques-unes de leurs parties, dans celles que l’on
suppose jouir d’une sensibilité exquise.
Les mollusques, avons-nous dit, appartiennent à la
branche des animaux inarticulés, qui commence avec
les polypes, et la terminent. O r , quoique, dans le
cours de la série de ces animaux, la nature ait constamment
travaillé à accroître la composition de l’organisation
, on va voir qu’elle n’a eu nulle part le pouvoir
d’amener d’aussi grandes, facultés de mouvement que
celles qu’elle a pu donner à la plupart des animaux articulés
, et surtout à certains d’entre eux.
Effectivement, à mesure que, dans l’une et l’autre
série, la nature voulut accroître la faculté des mouve-
mens, de part et d’autre, elle fixa les muscles sous, la
peau de l’animal. Mais, dans la série des animaux
articulés , dès qu’elle put former un cerveau , son plan
d’organisation lui permit d’y joindre un cordon médullaire
ganglionné qui lui fournit de grands moyens pour
les mouvemens de l’animal ; tandis que, dans celle des
animaux inarticulés, un plan bien différent ne lui donna
jamais le pouvoir d’établir un pareil cordon.
Bientôt les animaux articulés obtinrent plus de consistance
et de solidité dans leur peau § elle devint cornée,
crustacée même 5 et, rompue d’espace en espace
par les suites du système des articulations, elle offrit un
nouveau moyen pour la facilité des mouvemens. Au contraire,
les animaux inarticulés , d’après le type de leur
organisation, et malgré les modifications ou les variations
que cette organisation put avoir à subir, n’eurent
toujours qu’une peau mollasse, qui ne fournit qu’un
' faible appui aux muscles.
A la vérité, pour diminuer cet inconvénient, auquel
les animaux inarticulés sont assujettis, la nature augmenta
le pouvoir de leur peau. Elle y parvint en accroissant
l’étendue de cette peau, la doublant, lui donnant
des appendièes charnus et musculaires. Ainsi les
•tuniciers obtinrent une enveloppe double, les conchi-
fères un ample manteau, à deux lobes , soit séparés, soit
réunis par devant. Mais les mollusques, parvenus à acquérir
l ’organisation la plus composée parmi les animaux
sans vertèbres , sans posséder néanmoins, dans leur système
nerveux, ce cordon médullaire ganglionné qui est
si utile et donne tant d’activité aux mouvemens, se
trouvant d’ailleurs sur la limite d’un plan que la nature
allait abandonner, les mollusques, dis-je, ne reçurent
aucun accroissement dans leur faculté de se mouvoir ni
dans celle de sentir 5 beaucoup même subirent une grande
diminution dans l’étendue des appendices de leur peau,
et ils n’obtinrent guère , selon leurs habitudes et les circonstances
, que des variations dans leur forme et dans
celle de leurs parties. Ils paraissent donc terminer leur
série sans montrer s’ils ont réellement amené les animaux
vertébrés, et ils semblent même la terminer sans
aucune suite. Voilà ce que j’aperçois de «probable relativement
à l’origine, la terminaison et l’infériorité des
facultés des mollusques, comparées à celles de beaucoup
d’autres animaux sans vertèbres.
Ainsi, quoique les mollusques aient leur organisation
supérieure en composition à celle des insectes, l’état ou
le mode de cette organisation dans les premiers, leur
système nerveux en quelque sorte appauvri, et leur