Quoique ce livre n’ait pu êfre compris dans le Canon des Juifs, ayant été
composé long-temps après que ce Canon a été fait, on ne doit pas douter de
son autorité , puisqu’il a toujours été considéré dans l’Eglise comme un livre
dicté par le Saint-Esprit, et que les saints Pères, dès les temps apostoliques,
l’ont proposé aux fidèles comme un livre divinement inspiré. C ’est ainsi que
Tertullien, lib. a , contr. Marc. , saint Clément d’Alexandrie, Ivm 1 , Pedag. ,
cap. 9 , le citent sous le nom du livre de la Sagesse, et que presque tous les-
Pères l’ont regardé comme faisant partie des Ecritures saintes , dont l’autorité
étoit reconnue de tous les fidèles ; ainsi en ont parlé saint Irénée , saint
Cyprien , saint Athanase, et sur-tout saint Augustin, dans son Specul. de
lib. Sapient. , tom. 3, p. y33.
Il est bon d’observer que la version latine de ce livre est l’ancienne Vulgate ,
qui sans doute a été faite sur un exemplaire hébreu, ou sur un texte grec plus
correct que celui qui nous reste , puisqu’on y remarque des omissions et des
différences très-considérables ; ce qui a obligé de les marquer dans la traduction
française par des petits crochets qui les renferment.
O n peut voir dans la loi, dans les prophètes, et dans ceux qui
les ont suivis , beaucoup de choses très-grandes et très-sages , qui
rendent Israël digne de louange pour sa doctrine et pour sa
sagesse , puisque non seulement les auteurs de ces discours ont
dû être très-éclai ré s, mais que les étrangers mêmes peuvent
devenir par leur moyen très-habiles à parler et à écrire. C’est en
cette manière que Jésus mon ayeul, après s’être appliqué avec
grand soin à la lecture de la loi et des prophètes, et des autres
livres que nos pères nous ont laissés, a voulu lui-même écrire
de ce qui regarde la doctrine et la sagesse ; afin que ceux qui
désirent d’apprendre s’étant instruits par ce livre, s’appliquent de
plus en plus à la considération de leurs devoirs , et s’affermissent
dans une vie conforme à la loi de Dieu. Je vous exhorte donc, vous
qui voudrez lire ce livre , d’y apporter une disposition favorable,
et une attention particulière , et de nous pardonner s’il semble
qu’en quelques endroits, voulant rendre toute la beauté et toute
la force de l’original, nous ne pouvons trouver de paroles qui en
expriment tout le sens. Car les mots hébreux n’ont plus la même
force lorsqu’ils sont traduits en une langue étrangère : ce qui n’arrive
pas seulement en ce livre-ci ; mais la loi même, les prophètes,
et les autres livres sont fort differens dans leur version, de ce
qu’ils sont dans leur propre langue. Etant donc venu en Egypte en
la trente-huitième année, sous le règne de Ptolémée Evergète, et y
ayant demeuré long-temps, j’y trouvai ce livre, qui y avoit été
laissé, et qui côntenoit une excellente doctrine. C’est pourquoi
j’ai cru qu’il étoit utile , et même nécessaire, de travailler avec
&oiD aie traduire. Ainsi, m’étant appliqué à cette traduction pen-
Y B