A R G U M E N T .
L es Hébreux appellent ce livre M i s n , qui en général signifie de»
Sentences ; mais ici, dans un sens moins étendu, il signifie des P roverbes,
ou des maximes sommaires qui renferment des vérités morales en des termes
courts et expressifs, mais toutefois dune manière simple et naturelle. Les
Grecs l’appellent nAP OIMIAI, c’est-à-dire, 5imilitudes ou Paraboles, parces
qu’eq. effet il s’y en rencontre plusieurs. Les anciens Pères , et depuis les
Talmudistes, lui ont donné le surnom de Sagesse ; ce qui l’a souvent fait
confondre avec le livre de Salomon, qui porte en effet ce titre : on ne peut
pas douter que celui-ci ne soit aussi de Salomon, puisque le titre le prouve ;
mais il ne contient pas toutes les paraboles qu'a faites ce prince, et toutes celles
qu’on y rapporte ne sont pas exactement de lui. Ce livre est une compilation
de sentences différentes, qui ont été recueillies sous le roi Ezéchias, et depuis
lui par quelques-uns de ses successeurs : les interruptions qui s’y rencontrent,
le peu de liaison entre les matières qu’on y traite , les transitions subites d une
matière à l’autre, et la différence du style , sur-tout dans les derniers chapitres ,
prouvent qu’elles n’ont pas été ainsi rangées par le même auteur , et qu il y
en a même plusieurs qui ne sont pas dé Salomon.
L’idée générale qu’on doit avoir de ce livre ( selon la remarque qu'en a faits
S. Augustin, dans son Spéculum, qui est un extrait des paroles les plus instructives
et les plus propres à édifier, que ce père a recueillies de l’ancien et du
nouveau Testament);, c’est qu’il ne tiqntient presqu'autre chose qu'une instruction
continuelle pour régler les moeurs, et pour former les hommes
dans la véritable et solide piété. Les neuf premiers chapitres contiennent un
discours assez suivi, l’âoge de la Sagesse, et une exhortation que Salomon y fait
pour porter les hommes à la prendre pour leur guide. Le chapitre dixième et
les suivans renferment des avis salutaires pour instruire les hommes de leurs
devoirs, soit envers Dieu, soit envers le prochain; mais comme presque tout
ce livre est écrit d’un style fort concis et coupé, qu’il est composé de sentences
courtes et succinctes , et que ces sentences ne contiennent qu’un précis ou
nue la substance de vérités plus étendues , il riest pas étonnant qu’en passant
d’une langue en une autre , elles perdent quelque chose de leur nettete et de
leur beauté, ni quelles aient contracté quelque sorte d’obscurité ; que plusieurs
d’elles paroissent simples , et ne former dans l’esprit quelquefois aucun sens
distinct, et écrites d’un style peu conforme à h dignité de leur divin Auteur ,