ARGUMENT.
A R G U M E N T .
Ce livre est appelé à juste titre le Livre de la Sagesse, puisque
l ’auteur y traite d’une manière très.- sublime , non - seulement de la sagesse
c ré é e , qui est celle que nous pouvons acquérir en cette v ie , mais aussi de
la Sagesse incréée, qui est le principe et la source unique de la nôtre ; et que
dans les maximes et les instructions qui sont répandues dans ce livre, on a eu
pour but d’y inviter les hommes à imiter cette Sagesse, et à suivre ses conseils.
Les exemplaires grecs , et plusieurs des saints Pères grecs et latins, comme
T ertullien, Origène, saint Cyprien, saint Hilaire, saint Grégoire-le-Grand ,
et plusieurs autres ont donné à ce livre le surnom de Sagesse de Salomon,
parce qu’ils ont cru que c’étoit ou un recueil des Sentences et des Maximes de
Salomon , ou que ce prince en étoit entièrement l’auteur ; et ce qui les a
déterminés à entrer dans ce dernier sentiment, c’est que, quoique ce livre ne
porte pas en tète le nom de Salomon comme celui des Proverbes, ils ont
cependant prétendu que ce prince s’y étoit suffisamment nommé en parlant,
chap. 7 , v. 7 et suiv. du désir qu’il a eu d’acquérir la sagesse, et du do» que
Dieu lui en a fait; et en disant lui-même à Dieu, chap. 7 , v. 7 : Vous m’avez
choisi pour être le roi de votre peuple ; chap. 9 , v. 8 ; Vous m’avez commandé
de bâtir un temple sur votre montagne sainte ; ce qui, en effet, ne sauroit
convenir à d’autres qu’à ce prince. Cependant plusieurs autres Pères de l’Eglise
n ’ont pas cru qu’il en fût l’auteur, appuyés sur ce qu’il ne se trouve aucun texte
hébreu de ce livre ; que les Juifs ne l’ont point compris dans leur Canon ; que
son style n’a rien qui ressente la phrase hébraïque ; qu’il est écrit, au contraire,
.dans le goût et le génie de la langue grecque,,que les sujets y sont traités d’une
manière très-différente des autres livres qui portent le nom de Salomon : ce qui
leur a fait dire , et en particulier à saint Basile, épist.ad Amphil. , que ce livre
Ætoit d’un Juif nommé Pliilm,le même, sans doute, que celui qu’on a surnommé
l’aîné, et que Josephe, lib. 1 , contr. Appion, a joint à Demetrius
Phalæreus ; ou selon d’autres , que c’étoit l’ouvrage de l’un des Septante
Interprètes, et que c’est pour cette raison qu'on l’a mis avant celui de l’Ecclésiastique
: et ce sont ces raisons de douter , qui ont apparemment déterminé
.saint Augustin à dire, dans son second livre des Rétractations, chap. 4 • Qu’il
n’est pas absolument certain que Salomon soit l’auteur de ce livre , et qu’il a
•reconnu long-temps après avoir écrit son livre de la Doctrine chrétienne,
.qu’il étoit beaucoup plus probable que ce prince n’en étoit pas l’auteur. Aussi
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