C H A P I T R E V III.
§. L Ecouter Dieu. La lumière de l’homme bornée.
1. L a sagesse de l’homme luît sur son visage, et le Tout-puissanC
le lui change comme il lui plaît.
2. Pour moi j’observe la bouche du ro i, et les préceptes que
Dieu a donnés avec serment. 3. Ne vous hâtez point de vous retirer de devant sa face , et ne'
persévérez point dans l’oeuvre mauvaise x parce qu’il fera tout ce
qu’il voudra.
4. Sa parole est pleine de puissance, et nul ne lui peut dire::
Pourquoi faites-vous afnsr? 5. Celui qui garde le précepte ne ressentira aucun mal. Le coeur'
du sage sait ce qu’il doit répondre, et quand il est temps de le
faire.
6. Toutes choses ont leur temps et leurs momens favorables, et
c ’est une grande misère à l’homme
7. De ce qu’il ignore le passe, et de ce qu’il ne peut avoir aucune
nouvelle de Pavenir.
8. Il n’est pas au pouvoir de l’homme d’empêcher que l’ame ne
quitte le corps ; il n’a point de puissance sur le jour de la mort ; if
ne peut avoir de trêve dans la guerre qui:le menace ; et l’impiété
ne sauvera point l’impie.
o. J’ai considéré toutes ces choses, et j’ai appliqué mon coeur à
discerner tout ce qui se fait sous le soleil. Un homme quelquefois
en domine un autre pour son propre malheur.
10. J’ai vu des impies ensevelis, qui lors même qu’ils vîvoienty
étoient dans le lieu saint, et qui étoient loués dans lia cité comme si
leurs oeuvres eussent été justes. Mais cela rpêmeest une vanité..
11. Car parce que la sentence ne se pronônce pas sitôt contre les
méchans, les enfans des hommes commettent le crime sans aucune
crainte.
12. Mais néanmoins cette patience même avec laquelle le pécheur
est souffert après avoir cent fois commis des crimes, m’a fait con-
noître que ceux qui craignent Dieu et qui respectent sa face seront
heureux.
13. Que les méchans ne réussissent point, que les jours de leur
vie ne soient pas longs, et que ceux qui ne craignent point la face
du Seigneur passent comme l’ombre.
§. IL Justes confondus avec les impies.
14. Il se trouve encore une autre vanité sous le soleil : il y a des-
justes à qui les malheurs arrivent comme s’ils avoient fait les actions
des méchans ; et il y a des méchans qui vivent dans l’assurance
comme s’ils avoient fait les oeuvres des justes. Mais je crois que cela^
est encore une très-grande vanité.
16. C’est ce qui m’a porté à louer la joie et le repos. J’ai cru que
le bien que l’on pouvoit avoir sous le soleil étoit de manger, de
boire et de se réjouir, et que l’homme n’emportoit que cela avec*
lui de tout le travail qu’il avoit enduré en sa v ie , pendant les jours*
que Dieu lui a donnés sous le soleil.
16. J’ai appliqué mon coeur pour connoître la sagesse, et pour
remarquer cette dissipation de l’esprit des hommes qui sont sur
la terre. Tel se trouve parmi eux qui ne dort et ne repose ni jour
ni nuit.
17. Et j’ai reconnu que Fhomme ne peut trouver aucune raison’
de toutes les oeuvres de Dieu qui se font sous le soleil ; et que plus;
îl s’efforcera de la découvrir, moins il la trouvera; quand le sage*
même diroit qu’il a cette connoissance,.il ne la pourra trouver,-