§. III. Suites et excès de l'idolâtrie.
2,2. Il n’a pas même suffi aux hommes d’être dans ces erreurs
touchant la connoissance de Dieu ; mais vivant dans une grande
confusion causée par l’ignorance , ils donnent le nom de paix à des
maux si grands et en si grand nombre. 23. Car ou ils immolent leurs propres enfans , ou ils font en
secret des sacrifices infâmes, ou ils célèbrent des veilles pleines
d’une brutalité furieuse :
24. De là vient qu’ils ne gardent plus aucune honnêteté , ni dans
leur vie , ni dans leur mariage ; mais l’un tue l’autre par envie, ou
l’outrage par l’adultère:
2Ô. Tout est dans la confusion, le sang , le meurtre, le v o l, la
tromperie, la corruption , l’infidélité , le tumulte, le parjure , le
trouble des gens de bien ,
26. L’oubli de D ieu, l’impureté des âmes, l’avortement, l’incons*
tance des mariages, et les dissolutions de l’adultère et de l’impu?
dicité.
27. Car le culte des idoles abominables est la cause, le principe,
et la fin de tous les maux.
28. Car ou ils s’abandonnent à la fureur dans leurs di vertissemens,
ou ils font des prédictions pleines de mensonge, ou ils vivent dans
l’injustice , ou ils se parjurent sans aucun scrupule ;
29. Parce qu’ayant mis leur confiance en des idoles qui n’ont
point d’ame , ils ne craignent point d’être punis de leurs parjures. 30. Mais ils recevront la punition de ce double crime ; parce
qu’ils ont eu des sentimens impies de Dieu en révérant les idoles,
et parce qu’ils ont fait de faux sermens sans se mettre en peine de
blesser la justice par leur perfidie. 31. Car ce n’est point la puissance de ceux par qui on a juré,
mais la justice armée contre les pécheurs, qui punit tpujours Tin*
fidélité des hommes injuste?.
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C H A P I T R E XV.
§. I. Bonheur de ceux qui adorent le vrai Dieu.
Aïs vous, ô notre Dieu, vous êtes doux, véritable et patient,
e t vous gouvernez tout avec miséricorde.
2. Car quand nous aurions péché, nous ne laisserions pas d’être
a vous, nous qui savons quelle est votre grandeur; et si nous ne
péchons pas, nous savons que vous nous comptez au rang de ceux
qui vous appartiennent. 3. Vous connoître, est la parfaite justice; et comprendre votre
équité et votre puissance, est la racine de l’immortalité. 4* Aussi nous ne nous sommes point laissé séduire aux inventions
dangereuses de l’art des hommes, au vain travail de la peinture
, à une figure taillée et embellie d’une variété de couleurs, 5. Dont la vue donne de la passion à un insensé, et lui fait aimer
le fantôme d’une image morte.
6. Ceux qui aiment le mal, sont dignes de mettre leur espérance
en de semblables dieux, aussi-bien que ceux qui les font, ceux qui
les aiment, et ceux qui les adorent.
7. Un potier qui manie la terre molle comme il lui plaît, en fait
par son travail tous les vases dont nous nous servons ; il forme de
'la même boue ceux qui sont destinés à des usages honnêtes , ou à
■ d’autres qui ne le sont pas; et il est le juge de l’usage que doivent
avoir tous ces vases.
8. Après cela il forme par un vain travail un dieu de la même
boue, lui qui a été formé de la terre un peu auparavant, et qui
peu après y doit retourner, lorsqu’on lui redemandera l’ame qu’il
Éivoit reçue en dépôt.
9. Il 11e pense point à la peine qu’il aura, ni à la brièveté de sa
vie; mais il ne s’applique qu’à disputer de l’excellence de son art
#vec les ouvriers en or et en argent; il imite ceux qui travaillent
£n airain, et il met sa gloire à faire des ouvrages qui sont entièrement
inutiles.
É V