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dernier des prophètes , auquel temps le temple et la ville de Jérusalem
venoient d’être rebâtis.
Il n’y a aucune raison de soupçonner que ces prophéties ne soient pas en
effet l’ouvrage de ces dix-sept auteurs, puisque non-seulement il n’y a aucune
d’elles qui ne porte le nom de son auteur, mais encore parce que l’on n’y
trouve aucune circonstance qui puisse fournir quelque prétexte d’en douter.
Quelques interprètes prétendent que ces prophéties étoient publiées verbalement
au peuple par ,les prophètes , d’une manière plus étendue, qu’ensuite
ils les réduisoient eux-mêmes à des écrits sommaires qu’ils affichoient aux
portes des lieux destinés à la prière , lorsqu’ils ne le pouvoient faire à la porte
du temple ; qu’ensuite elles étoient ôtées pour être mises dans les archives
publiques, afin de les conserver à la postérité. Dans la préface qui est à la tête
du Commentaire sur les quatre grands Prophètes , ouvrage attribué à Dorothée
de T y r , qui vivoit sous Constantin-le-grand, il est dit que la plupart des prophètes
n’ont pas écrit eux-mêmes leurs prophéties, mais quelles l’ont été sous
eux par les scribes publics qui demeuroient dans le temple, et qui écrivoient
chaque jour ce que les prophètes prê.choient, et qu’ainsi on ne doit pas s’étonner
si, par l’erreur et la faute des scribes, l ’on y trouve de l'obscurité, par des
omissions considérables , par le peu d’ordre et le peu de suite qu’ils y ont
observé ; mais au fond il faut avouer qu’on ne peut rien savoir d’absolument
certain touchant la manière dont toutes çes prophéties ont été recueillies par
les Juifs j l’Ecriture ne nous en dit rien, n’y ayant eu aucun auteur contemporain
qui ait eu soin de nous en instruire. Ainsi il suffit de savoir que ces prophéties
ont été conservées par les Juifs, et mises par Esdras dans le canon
des livres saints, et reçues ensuite universellement de toute l ’Eglise.
Isaïe, l’un des quatre grands prophètes et le premier d’entr’eux, non-seulement
selon l’ordre du temps, mais encore par la sublimité de ses révélations,
et par la noblesse de sa naissance, étant fils d’Amos, frère d’Amasias, et
petit-fils de Joa.s, tous deux successivement rois de Juda. Les dons qu’il reçut
de la nature et de la grâce, l’ont rendu très-recommandable entre les écrivains
sacrés ; et Jésus, fils de Siracb, auteur du livre de l’Ecclésiastique, dit de lui.
Qu'il fu t un grand prophète et fidèle aux y eu x du’ Seigneur ; qu’i l v it
la fin des temps par un grand don de VEsprit; qu'il consola ceux qui pieu-
roient en S ion, qu'il prédit pe qui devoit arriver jusques à la fin des temps,
e t qii il découvrit les choses secrètes avant quelles arrivassent.
Ce prophète a commencé ses prophéties l’an z 5 du règne d’Osias, l’an du
monde 3219, selon la chronologie'^ et il a continué sous Joatfian, sous A chaz.
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et sous Ezéchias, roi de Juda, comme il le dit lui-même au chap. i .v . 1. et
il est mort en la première année du règne de Manassé, par l’ordre duquel
selon la tradition juive, et le rapport de saint Justin, de Tertullien, d’Origène,
de Théodoret, de saint Basile , de saint Epiphane, et de saint Jérôme, il fut
scié en deux avec une scie de bois, pour avoir repris ce prince de ses désordres,
et l’avoir comparé lui et quelques-uns de ses prédécesseurs au prince de Sodome
et de Gomorrhe. Ainsi il paroît qu’il a prophétisé plus de 86 ans ; c’est-à-dire,
jusques en l’année du monde 33o5, ou environ, et par conséquent qu’il a vécu
plus de 11 o ans. La politesse de son style, la noblesse de ses expressions, la
pureté de sa diction, l’élégance et le choix heureux des figures, des similitudes-
et des comparaisons dont il a orné ses prophéties, sont les preuves de son
illustre naissance, et des soins qu’on avoit eus de son éducation. La sublimité
de ses prophéties et la profondeur de ses révélations, qui lui ont donné la
connoissance des événemens les plus éloignés et des plus impénétrables mystères
de la religion, prouvent qu’il a été divinement inspiré et rempli deslumières
de l’Esprit saint.
Ces prophéties ne contiennent pas seulement des instructions, et des réprimandes
contre les déréglemens dans lesquels presque tous les Juifs de soir
temps étoient tombés , mais encore plusieurs faits historiques qui servent à
justifier les reproches qu’il leur faisoit, et des prédictions particulières et
positives , touchant l’état futur des Juifs, et le règne des Assyriens, des-
Babyloniens , des Philistins, des Damascéniens, des Egyptiens , et des Idu-
méens leurs voisins, auxquels par un enchaînement nécessaire le sort des Juifs*
se trouvoit indispensablement attaché. Ce saint prophète y prédit clairement
la prise de Jérusalem , la captivité de Babylone , le retour des Juifs, leur
rétablissement sous Cyrus, en le nommant par son nom plus de deux cens ans-
avant qu’il fut né ; mais principalement la naissance de Jésus-Christ dans le
sein d’une Vierge, les principales circonstances de sa vie , de sa mort, et de
sa résurrection y la vocation des Gentils à l’Evangile, et l’établissement du règne
de Jésus-Christ sur toute la terre, et cela si clairement, que saint Jérôme
n’a pu se dispenser de dire, qu’il ne falloit pas considérer Isaïe comme un prophète
, mais comme un évangéliste, puisqu’il sembloit plutôt réciter des histoires-
déjà accomplies, que prédire des événemens futurs*
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