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13. Car tout homme qui mange et qui boit, et qui retire son
bien de son travail, reçoit cela par un don de Dieu.
§. II. Tout passe et périt.
14. J’ai appris que tous les ouvrages que Dieu a créés demeurent
à perpétuité; et que nous ne pouvons ni rien ajouter ni rien ôter
à tout ce que Dieu a fait, afin qu’on le craigne.
15. Ce qui a été, est encore : ce qui doit être, a déjà été; et Dieu
rappelle ce qui est passé.
16. J’ai vu sous le soleil l’impiété dans le lieu du jugement, et
l’iniquité dans lelieu de la justice;
17. Et j’ai dit en mon coeur : Dieu jugera le juste et l’injuste,
et alors ce sera le temps de tputes choses.
18. J’ai dit en mon coeur touchant les enfans-des hommes, que
Dieu les éprouve, et qu’il fait voir qu’ils sont semblables aux
bêtes.
19. C’est pourquoi les hommes meurent comme les bêtes, et
leur sort est égal. Comme l’homme meurt, les bêtes meurent
aussi. Les uns et les autres respirent de même, et l’homme n’a rien
de plus que la bête ; tout est soumis à la vanité ;
20. Et tout tend en un même lieu. Ils ont tous été tirés de la terre
et ils retournent tous dans la terre.
21. Qui connoît si l’ame des enfâns des hommes monte en haut
et si l’ame des bêtes descend en bas ?
22. Et j’ai reconnu qu’il n’ÿ a rien de meilleur à l’homme que de
se réjouir dans ses oeuvres, et que c’est-là son partage. Car qui le
pourra mettre en état de connoître ce qui doit arriver après lui ?
D E S A L O M O N , 85
C H A P I T R E IV.
§. I. V m ité dans toppression de l’innocent, et dans le travail
de l’homme.
1 J’ai porté mon esprit ailleurs. J’ai vu les oppressions qui se
font sous le soleil, les larmes des innocens qui n’ont personne
pour les consoler, et l’impuissance où ils sont de résister àlaviolence,
abandonnés qu’ils sont du secours de tout le monde ;
2. Et j’ai préféré l’état des morts à celui des vivans ; 3. Et j’ai estimé plus heureux que les uns et les autres celui qui
n’est pas encore né, et qui n’a point vu les maux qui se font sous
le soleil.
4. J’ai considéré aussi tous les travaux des hommes, et j’âi reconnu
que leur industrie est exposée à l’envie des autres, et
qu’ainsi cela même est une vanité et une inquiétude inutile. 5. L insensé met ses mains 1 une dans l’autre, et il mange sa propre
chair, en disant :
6. Un peu dans le creux de la main vaut mieux avec du repos, que
plein les deux mains avec travail et affliction d’esprit.
7. En considérant toutes choses , j’ai trouvé encore une autre
vanité sous le soleil.
8. Tel est seul, et n’a personne avec lu i , ni enfant, ni frère,
qui néanmoins travaille sans cesse : ses yeux sont insatiables de
richesses; et il ne lui vient point dans l’esprit de se direàlui-même:
Pour qui est-ce que je travaille, et pourquoi me priver moi-même
de l’usage de mes biens ? C’est-là encore une vanité et une affliction
bien malheureuse.
§. 11. Avantages de la société, de la sagesse et de l’obéissance.
9. II vaut donc mieux être deux ensemble que d’être seul, car
ils tirent de l’avantage de leur société.