i s
§. IL E v ite r les murmures.
i i . Gardez-vous donc des murmures qui ne peuvent servir de*
rien , et ne souillez point votre langue par la médisance ; parce
que la parole la plus secrète ne sera point impunie, et quel»
bouche qui ment tuera l’ame.
i s. Cessez de chercher la mort avec tant d’ardeur dans les éga-
remens de votre vie, et n’employez pas les travaux de vos mains à
acquérir ce qui vous doit perdre.
13. Car Dieu n’a point fait la mort, et il ne se réjouit point' de
la perte des vivans.
14. Il a tout créé afin que tout subsiste : toutes les créatures
étoient saines dans leur origine : il n’y avoit en elles rien de congieux
ni de mortel ; et le règne des enfers n’étoit point alors sur
terre.
15. Car la justice est stable et immortelle;
16. Mais les méchans ont appelé la mort à eux parleurs oeuvres
et par leurs paroles; et la croyant amie , ils en ont été consumés;;
et ils ont fait alliance avec elle , parce qu’ils étoient dignes d-’une
telle société.
C H A P I T R E IL
§. I. D iscours des impies\
i. L e s méchans ont dit dans l’égarement de leurs, pensées : Le
temps de notre vie est court et fâcheux. L’homme après sa mort
n’a plus de bien à attendre , et on ne sait personne qui soit revenu
des enfers.
2. Nous sommes nés comme àFaventure, et après la mort nous
serons comme si nous n’avions jamais été. La respiration est dans
nos narines comme une fumée, et l’ame est comme une étincelle de
feu qui remue notre coeur. 3. Lorsqu’elle sera éteinte, notre corps sera réduit en cendres.
L’esprit se dissipera comme un air subtil ; notre vie disparoîtra
comme une nuée qui passe, et s’évanouira comme un brouillard
qui est poussé en bas parles rayons du soleil, et qui tombe étant
appesanti par sa chaleur.
4. Notre nom s’oubliera avec le temps , sans qu’il reste aucun
souvenir de nos actions parmi les hommes. 5. Car le temps de notre vie n’est qu’une ombre qui passe, et
après la mort il n’y a plus de retour : le sceau est posé, et nul n’en
revient.
6. Venez donc, jouissons des biens présens, hâtons-nous d’user
des créatures pendant que nous sommes jeunes.
7. Enivrons-nous des vins les plus excellons ; parfumons-nous
d’huile de senteur, et ne laissons point passer la fleur de la saison.
8. Couronnons-nous de roses avant qu’elles se flétrissent, qu’il
n’y ait point de pré où notre intempérance rre se signale;
9. Que nul de nous ne se dispense de prendre part à notre
débauche. Laissons par-tout des marques de réjouissance ; parce
que c’est-là notre sort et notre partage.
§. II. Les impies veulent opprimer les justes.
10. Opprimons le juste dans sa pauvreté , n’épargnons point la
veuve , et n’ayons aucun respect pour la vieillesse et les cheveux
blancs.
11. Que notre force soit la loi de la justice -.car ce qui est foîble
n’est bon à rien.
12. Faisons tomber le juste dans nos pièges, parce qu’il nous est
incommode, qu’il est contraire à notre manière de vie, qu’il nous
reproche les violemens de la la i, et qu’il nous déshonore en décriant
les fautes de notre conduite.
13. Il assure qu’il a la science de Dieu, et il s’appelle le Fris de
Dieu.
14. Il est devenu le censeur de nos pensées mêmes.
15. Sa seule vue nous est insupportable, parce que sa vie n’est
point semblable a celle des autres, et qu’il suit une conduite toute
différente.