CO LOMB E ORICOÜ, jj£j
P l. XXI.
Columba Auricularis. Milu.
S i la nature a décoré et embelli à nos yeux une multitude de ses productions,
en leur accordant les apanages du luxe et les ornements recherchés d’une
parure élégante et gracieuse, elle semble aussi avoir pris plaisir à affubler
grotesquement quelques uns d’entre les êtres que sa main a formés. Nous ne
saurions souvent nous rendre raison des fins qu’elle s’est proposées en donnant
à quelques oiseaux des appendices plus ou moins extraordinaires j ce n’est
qu’en étudiant les moeurs et les diverses habitudes de ces espèces que nous
pouvons espérer de parvenir à la connoissance des voies sages et bonnes
qui Pont guidée dans l’oeuvre de la création. En nous appliquant à connoître
la manière de vivre des animaux, nos lumières se développeront insensiblement
sur l’état de leur organisation, ainsi que sur les causes qui y ont
souvent donné lieu : ce n’est qu’en nous attachant de préférence à observer
la nature animée, et en établissant les rapports qu’ont entre eux les diyers
êtres, que nous viendrons à bout de simplifier et d’orner en même temps
de plus de charmes cette science, malheureusement trop encombrée par
les idées philosophiques de savants qui s’imaginent avoir découvert du
centre de leur bibliothèque les règles immuables suivant lesquelles ils prétendent
dicter des lois à la nature.
Il est peu d’oiseaux qui se trouvent aussi singulièrement décorés que l’est la
Colombe de cet article. Des prolongements charnus sont adhérents à la peau
nue qui recouvre le devant du cou ; ils forment trois barbillons à-peu-près
semblables à celui que porte le Dindon 5 unecarnosité arrondie, de la grosseur
d’une cerise, semée de tubercules, s’élève sur la base de la mandibule supérieure
du bec. Ces appendices, quoique extraordinairës, ne nuisent pas à la
parure de cette Colombe j elles ajoutent même à sa beauté, principalement