des variétés de ce Pigeon, sont échancrées du bout, tandis que celles du
Poukiobou, étant sans échancrures, sont arrondies. Chez ce dernier, les
rémiges extérieures sont les plus longues; mais dans l’espèce duKurukuru,
les grandes pennes alairesvonten diminuant de longueur jusqu’à l’extérieure,
qui est la plus courte de toutes : celle-ci est terminée en pointe. Il nous reste
maintenant à faire connoître les variétés qui se trouvent dans l’espèce du
Kurukuru, ensuite nous en ferons connoître le jeune âge. Nous figurons
dans la planche 34 le Kurukuru mâle tel qu’on le trouve habituellement ;
c’est dans cet état que nous avons eu occasion d’en examiner plus de vingt
individus venant d’O-Taïti : nous en avons encore trouvé deux au Muséum de
Paris, rapportés par les naturalistes qui accompagnèrent le capitaine Baudin
dans le voyage de découvertes aux Terres Australes. Nous ne sommes cependant
pas instruits dans quelle île ils ont été tués.
La première variété, qui nous paroit la plus constante , a tout le haut de
la tête d’un beau rouge-rose. Cette couleur est entourée, dans les individus
adultes, par une bande jaune; l’occiput, le cou et la poitrine sont d’un
gris-cendré, nuancé de légères teintes verdâtres, plus sombres cependant
sur la partie postérieure du cou ; toutes les parties supérieures du corps
sont d’un beau vert lustré, marqué de taches vertes, plus foncées sur les
grandes couvertures des ailes les plus proches du corps; les couvertures
moyennes sont frangées de jaune. Les rémiges sont noires intérieurement,
et vertes sur les barbes extérieures; la dernière penne de l’aile est
noire, et ses barbes sont tronquées, ce qui fait qu’elle est terminée en
pointe. Les barbes extérieures de toutes les pennes caudales sont vertes,
mais les barbes intérieures sont noirâtres ; l’extrémité de toutes les pennes
est d’un blanc nuancé de vert; le ventre a plusieurs nuances de jaune et
d’orangé; l’abdomen et les couvertures inférieures de la queue sont jaunes;
les tarses sont à moitié emplumés ; le reste, ainsi que les doigts, sont
couverts d’écailles noires ; l’origine du bec est de cette couleur, mais la
pointe est blanchâtre; les yeux sont d’un jaune pâle.
Une variété que Latham dit être propre aux îles de Tongotaboo et d’Ulieta,
mais qui se touve aussi à Timor, est représentée dans notre planche 35: elle
diffère de la précédente, en ce que le front et le sinciput sont d’un violet
pourpré très foncé, sans être entouré d’une bande jaune; le vert de toutes
les parties supérieures est plus foncé et bleuâtre ; les couvertures ne sont
pas frangées de jaune ; le ventre, ainsi que l’abdomen est vert ; enfin les
pieds sont d’un brun rougeâtre, et le bec entièrement noir. Les naturalistes
français qui furent de l’expédition commandée par le capitaine Baudin
ont trouvé cette dernière variété du Kurukuru dans l’île de Timor.
Nous avons encore eu occasion d’examiner une variété qui n’avoit pas la
plus légère apparence de violet sur la téte: nous ignorons si on doit attri-
buer cette différence au sexe.
Le jeune âge de cette espèce a le front coloré de gris-lilas entouré par
une bande d’un jaune olivacé ; l’occiput, le cou et la poitrine ont des
teintes de gris et de jaunâtre terne; les ailes, le dos et la queue sont d’un
vert foncé, mais peu brillant ; toutes les couvertures sont frangées de couleur
d’ocre; l’extrémité des pennes caudales n’a qu’une bande très étroite d’un
gris fonce; le ventre, l’abdomen et les couvertures inférieures de la queue
ont diverses nuances de couleur olive et de gris verdâtre; le bec est gris, et
les pieds sont bruns.
Dans l'individu que nous avons examiné, toutes les plumes étoiént minces,
déliées et soyeuses; elles paroissoient indiquer que l’oiseau se trouvoit encore
revêtu de sa première livrée; celles de la poitrine ne laissoient distinguer
que foiblement l’échancrure triangulaire, qui, dans les individus adultes,
est très apparente, et telle que nous en avons figuré une plume dans notre
planche 35.
Les insulaires des diverses parties de l’Océan Pacifique désignent la Colombe
de cet article par les dénominations suivantes. Ceux de Tongo-Taboo
lui donnent lé nom de Kurukuru, que nous avons adopté ; les natifs d’O-
Taïti connoisssent l’espèce sous le nom d’Oopa ou Oopara. Latham nous
dit que ce Pigeon fait sa principale nourriture du fruit du bananier, et
qu’il s’apprivoise facilement.
Il est assez probable que la belle Tourterelle verte dont Bougainville fait
mention est de la même espèce que celle de cet article ; mais on ne sauroit
s’en rapporter à des indications si vagues. Sonnini, dans sa nouvelle édition
de Buffon, parle aussi du Kurukuru ; mais cet auteur se trompe en confondant
cette espèce avec celle que Brown décrit sous le nom de Purple-Pigeon :
le dernier de ces Pigeons n’appartient même pas à la famille des Colombes.
Nous le ferons mieux connoître dans notre seconde famille, sous le nom de
Colombar Jojoo.
Nous avons reçu plusieurs individus de l’espèce duKurukuru, qui nous
ont été adressés de Batavia. Ces oiseaux ne sont pas rares dans les collections
en Angleterre. L’individu qui nous a servi de modèle appartient à M. Dufresne
du Muséum.