imagine assez mal à propos que le Colombi-Galline à camail est un rejeton
du Pigeon sauvage et du Perroquet, sur quoi M. Virey ajoute que celte
supposition est fausse, et qu’elle prouve seulement que cet oiseau a beaucoup
d’analogie avec les Perroquets -, j’ignore comment M. Yirey réussiroit à
prouver ce rapport.
Albin donne deux mauvaisës figures de son Pigeon de Nicobar, lune
comme le mâle et l’autre.comme la femelle de l’espèce, tandis qu en effet
l’auteur n’a représenté que deux femelles; je ne cite, au reste, ces planches
défectueuses que par rapport à cette erreur. Buffon et Edwards donnent
aussi des figures imparfaites de la femelle de cette espèce; mais aucun auteur
n’a encore représenté un individu mâle : celui-ci se distingue de la femelle
par une petite membrane ou espèce de crête charnue, qui s’élève sur la
base de la mandibule du bec, à environ la hauteur de deux lignes;la femelle, .
dont les couleurs sont moins vives que celles du mâle, n’a pas cette espèce de
crête arrondie.
Le Colombi - Galline à camail est à peu près de la taille du Ramier ; sa
longueur totale est de quatorze pouces et demi; son bec, peu renflé vers le
bout, a un pouce neuf lignes; la queue est très courte et peu étagée; les ailes
pliées atteignent à son extrémité; les longues plumes du cou qui forment le
camail ont l’extrémité de leurs barbes désunies et soyeuses comme dans les
Coqs. La couleur du plumage est, en général, d’un beau vert-foncé changeant
en bleu-purpurin et en cuivre de rosette; les grandes pennes des ailés sont
d’un noir-bleuâtre, à légers reflets de vert-doré ; la queue est d’un blanc pur,
le bec noir et l’iris de couleur noisette; l’oeil est entouré d’une espace nue
d’un brun-terne; le tarse couvert d’écailles exagones est d’un bleu-noirâtre
ainsi que les doigts; les ongles sont jaunes.
J’ai vu vivants plusieurs oiseaux de cette espèce. M. Amershof en avoit, il y
a quelques années, rassemblé seize individus dans sa belle ménagerie. Ces
Pigeons ne se perchent que pour passer la nuit, encore doit-on avoir soin de
placer les juchoirs qui leur sont destinés à un pied, ou tout au plus à deux pieds
de terre; ils font entendre un roucoulement sourd, qui n’est pas à beaucoup
près aussi agréable que celui de nos Colombes-Ramiers ; ce sont, du reste,
des animaux stupides, fort tranquilles, dont le naturel peu farouche est susceptible
d’être cultivé en domesticité. Ils deviendroient un ornement brillant
dans nos volières, si on pouvoit parvenir à les faire propager dans nos contrées;
mais jusqu’ici nous n’avons point d’exemple que ces beaux oiseaux aient
produit hors de leur pays natal; j’ai néanmoins lieu de croire qu'avec les
soins nécessaires rien ne seroit plus facile : la volière de mon père a fourni
des exemples plus extraordinaires d’oiseaux qui y ont propagé; diverses
espèces de Loxies des Indes; plusieurs Fringilles de la Zone Torride, et
quelques Pigeons exotiques y ont produit une quantité de petits ; les Paddas
de la Chine, le Cardinal rouge et noir du Cap de Bonne-Espérance, y
pulluloient comme dans leur pays natal.
Le Colombi-Galline à camail habite l’île de Sumatra; celle de Nicobar,
située au nord de cette dernière, ainsi que plusieurs îles du vaste Archipel
des Moluques.
L’individu qui a servi de modèle appartient au Muséum de Paris.