Buffon n’a pas été plus vrai dans la classification de ses Tourterelles.
•« Celle du Canada (a), dit cet auteur, ressemble si fort
« à la Tourterelle d’Europe, qu’il ne faut la regarder que comme
« une variété produite par l’influence du climat. » Un peu plus loin
et en parlant de la Tourte (¿), qu’il dit être une espèce distincte,
cet auteur est dans la supposition que la Tourterelle du Canada
pourroit bien être la femelle de la Tourte ou Tourterelle de la
Caroline,
Il y a ici une double erreur; d’abord cette prétendue Tourterelle
du Canada n’est pas une variété de notre espèce produite
par l’influence du climat, et secondement elle n’est pas la femelle
de la Tourte ou Tourterelle de la Caroline; mais la Tourterelle
du Canada est indubitablement la femelle de la Colombe Voyageuse
(c); il faudra donc par la suite ajouter la synonymie de la
Tourterelle du Canada à celle de la Colombe Voyageuse dont nous
avons déjà parlé plus haut.
La Tourte, qui a la queue longue et cunéiforme, est une espèce
bien distincte, non seulement de la Colombe Voyageuse, mais
encore de la Tourterelle d’Europe; Buffon présume à tort
quand il croit qu’il faut rapporter à la Tourte le Pigeon indiqué
par Albin (d), et celui de Brisson (e), le même que Buffon nomme
Tourterelle de la Jamaïque, pl. enl. 174; cet. oiseau a la queue
très courte et peu étagée; comparer enfin un Pigeon qui construit
(a.) Columba Canadensis. L a ih . Ind. orn. v. 2 , p. 6 x3 , sp. 72.
[b) Columba Carofinensis. Laih. In d orn. v. 2,/>. 6 i 3 , sp. 71.
(c) Columba Migra toria. Laih. Ind. o rn.v. 2 , p. 6 12 , sp. 70.
(</) A lb in , tom. 2 , p . 32, pl. 49.
(e) Turtur Jamaicensis. Bris. orn. v. 1 , p. i6 5 , pl. i 3 , f . 1.
son nid à terre, dont les habitudes tiennent de celles des perdrix,
à une espèce dont les moeurs sont opposées, c’est vouloir rapprocher
des espèces qui n’ont point d’analogie entre elles.
La Tourterelle du Sénégal des pl. enl. de Buffon, n° 160 (a),
que nous nommerons Colombe Émeraudine, n’est pas, comme
cet auteur le présume, une’variété de sa Tourterelle à Collier du
Sénégal, pl. enl. 161 (6) ; la première de ces espèces n’a que huit
pouces de longueur totale; elle a la queue courte, et deux taches
de couleur d’émeraude ornent les ailes de cet oiseau; la dernière
mesure dix pouces; elle est modelée sur les formes de la Tourterelle
Vulgaire, et porte un collier noir sur la nuque. Nous
devons encore faire observer que Buffon commet ici une seconde
erreur en assimilant à la Tourterelle Vulgaire celle à Collier du
Sénégal, dont nous venons de faire mention; cette dernière
forme une espèce distincte, que nous considérons, d’après des
naturalistes qui ont observé cet oiseau dans son pays natal,
comme la souche de la Tourterelle à Collier (c), dont l’espèce
vit et se propage en domesticité dans presque toutes les contrées
de l’Europe : nous désignons celle-ci dans notre monographie
sous la dénomination de Colombe Blonde.
Tous les Pigeons ont le bec droit, la mandibule supérieure
plus ou moins renflée vers le bout, recouvrant l’inférieure qui
forme un angle plus ou moins ouvert; à la base du bec une protubérance
molle et charnue dans laquelle les narines se trouvent
placées; les pieds robustes, munis de quatre doigts, les trois de
(a) Columba Afra. Lath. Ind. orn. v. 2, p. 6 1 1 , sp. 64-
(b) Columba Yinacea. Lath. Ind. orn. v. 2, p. 6 1 1 , sp. 63.
(c) Columba Risoria. Lath. Ind. orn. v. 2 , p. 607, sp. 5i.
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