« comme simple variété, quoiqu’il en diffère par les couleurs, étant marte
qué de taches triangulaires sur les ailes , et qu’il ait tout le dessous
« du corps gris, les yeux entourés d’une peau rouge et nue, l’iris d’un beau
« jaune, le bec noirâtre; mais toutes ces différences de couleur dans le
a plumage, le bec et les yeux, peuvent être regardées comme des variétés
« produites par le climat. » * -v ••
Si les différences de couleur dans le plumage, le bec et les yeux, n’ont pas
paru d’une conséquence majeure, et que, pour former du Roussard une
espèce distincte de celle du Ramier, il soit besoin d’autres preuves de dissemblance
, on pourroit encore ajouter que le Roussard est plus petit de
beaucoup; qu’il a les ailes plus longues en proportion de sa taille; qu’il a
une nudité considérable à l’entour des yeux; que toutes les plumes de la
poitrine et du cou sont autrement conformées; enfin qu’il n’est pas même
modelé sur les formes de notre Ramier indigène.
M. Le Vaillant, qui a observé le Roussard dans son pays natal, pourra
nous donner des renseignements exacts sur les manières de vivre de cette
espèce. Nous sommes au reste persuadés que ce naturaliste est de notre avis
relativement aux dissemblances que nous trouvons entre l’espèce du Ramier
et celle du Roussard. M. Le Vaillant ne nous ayant communiqué qu’une
note peu circonstanciée relativement à l’espèce de cet article, nous renvoyons
nos lecteurs, pour ce qui peut concerner plus amplement les moeurs
du Roussard, à la partie descriptive des Pigeons africains, qui doit paroitre
incessamment dans Y Histoire naturelle des Oiseaux ctdfrique.
Le Roussard habite dans toute l’étendue de la partie méridionale de
l’Afrique, depuis le cap de Bonne-Espérance jusqu’à la rivière-de la Goa:
on le trouve aussi sur les côtes de Guinée et sur celles d’Angole. Mon ami
Le Vaillant m’a dit que cette espèce niche indifféremment, et suivant l’occasion
, ou sur la sommité des arbres, ou bien dans quelques trous de rochers,
où la femelle pond deux oeufs blancs. Le Roussard va souvent en plaine, et
fréquente par bandes innombrables les champs cultivés/ Il fait sa principale
nourriture de grains. Dans la colonie du Cap, on désigne l’espèce par le
nom de Boseh-Duyf (Pigeon des bois ).
La longueur totale du Roussard, prise de la pointe du bec à l’extrémité
de la queue, est de douze pouces et demi. Le bec a un poüce ; il est
conformé comme celui de nos Pigeons vulgaires; lès yeux se trouvent placés
dans un espace dénué de plumes ; la peau lisse qui revêt cet espace est
d’un rouge vif; l’extrémité des ailes, lorsqu’elles sont fermées, aboutissent
environ aux deux tiers de la longueur de la queue : celle-ci est composée de
douze pennes.
Toute la tête, la gorge, le ventre, l’abdomen, le croupion et les couvertures
du dessus et du dessous de la queue sont d’un gris-bleu clair. Le haut
du dos, les scapulaires et toutes les couvertures des ailes sont d’un roux-
canelle pourpré. Une tache blanche, de forme triangulaire, termine le
centre de chacune de ces plumes de recouvrement: les grandes et les
moyennes pennes alaires sont d’un brun cendré ; le bord antérieur des barbes
se trouve liseré d’une couleur plus claire; les pennes caudales sont grises
depuis leur origine, et terminées de noir.
Toutes les plumes du cou et celles de la poitrine sont échancrées vers le
bout en forme de fer de lance; cette échancrure paroît être occasionnée par
l'interruption de la baguette et le manque de barbes centrales adhérentes à
celle-ci, tandis que les barbes latérales s’allongent considérablement, et sont
terminées de chaque côté en pointe; toutes ces pointes bifourchues sont
rousses à leur origine, et nuancées, sur leurs pointes latérales, de vert
métallique, ce qui leur donne des reflets dorés, suivant les incidents de la
lumière. Nous figurons séparément une de ces plumes sur la planche qui
î-eprésente le Roussard mâle.
La femelle ne diffère du mâle que par des couleurs moins vives;' les taches
triangulaires sur les ailes sont beaucoup plus petites, et moins blanches que
dans le mâle. La partie nue qui entoure l’oeil paroît aussi moins grande
chez la femelle.
Le bec est noirâtre, et la membrane qui recouvre les narines cendrée;
les pieds sont d’un rouge pâle, les ongles bruns, et l’iris est d’une belle
couleur orangée.
Je possède un de ces individus; celui du Muséum de Paris a servi de modèle.