article ces deux indications ( t ) , qui ont rapport au mâle et à la femelle de
notre Colombe Voyageuse.
BufTon, V . a , p. 627, fait mention de cet oiseau , que nous supposons
être le mâle, puisque l’auteur cite à cet endroit le Pigeon de passage de
Frisch, et celui décrit par Catesby sous le même nom, qui en effet ont
donné tous les deux une figure assez exacte du mâle de notre Colombe
Voyageuse. Buffon dit, à l’endroit cité : « Que ce Pigeon ne diffère de nos
« Pigeons fuyards et devenus sauvages que par les couleurs et par les plumes
« de la queue qu’il a plus longues, ce qui semble le rapprocher de la Tour-
« terelle; mais ces différences ne nous paroissent pas suffisantes pour en
« faire une espèce distincte et séparée de celle de nos Pigeons, a
Un peu plus loin, à la page 55a du même volume, Buffon fait mention
et donne une figure, pl. 176, de la femelle de notre Colombe Voyageuse,
qu’il désigne comme une espèce différente, puisque ce naturaliste en parle
sous le nom de Tourterelle du Canada; mais ce qui est encore plus inconcevable,
c’est qu’à cet article Buffon compare la femelle de notre Colombe à
l'espèce de la Tourterelle Vulgaire, tandis qu’il paroit considérer le maie comme
peu différen t de nos Pigeons sauvages, ou Bizets. Voici, au reste, ce que 1 auteur
cité dit à l’article de sa Tourterelle du Canada : « La Tourterelle, comme le
a Pigeon et le Ramier, a subi des variétés dans les différents climats, et se
« trouve de même dans les deux continents. Celle qui a été indiquée par
« M. Brisson sous le nom de Tourterelle du Canada, et que nous avons fait
« représenter, est un peu plus grande, et a la queue plus longue que notre
« Tourterelle d’Europe ; mais ces différences ne sont pas assez considérables
a. pour qu’on en doive faire une espèce distincte et séparée (2). Il me paroit
« qu’on peut y rapporter l’oiseau donné par Edwards sous le nom de Pigeon
« à longue queue, planche 15 , et que M. Brisson a appelé Tourterelle
« d’Amérique (3). Ces oiseaux se ressemblent beaucoup ; et comme ils ne
« diffèrent de la Tourterelle que par leur longue queue, nous ne les regar-
« dons que comme des variétés produites par 1 influence du climat. »
( 1 ) V o y e z l’ Index J ves Columboe q u i termine ce volume.
( O P o u r réfuter Buflbu à ce t e r lic lc , il suffira de rcnvojor les ualuralistes à la phtuoliu 4 a , q u i représente
noire To urterelle vulgaire ; en la comparant au x planches de c c l a r t ic le , U n e restera, je p en se , aucun doute sur
les différences bien caractérisées q u i se trouvent entre ces deux espèces de Pigeons.
(3) Buffon se trompe encore à cet endroit : le Pigeon décrit par E dwa rds, et figuré pur lut planche t 5 , est une
espèce toute différente, que Buffon décrit très exactement dans un autre article sous le nom de 7 ’o u t « , sans
qu’ il paroisse se douter de ce double emploi. ( P a p a notre plancha 5o. )
DES COLOMBES. ,o 9
Les Colombes habitent l’Amérique’, entre le vingtième et le-soixantième
degré de latitude. Elles passent la saison chaudè dans les contrées septentrionales,
et, aux approches des frimas, elles émigreiït et vont chercher un climat
pins doux. Dans les pays situés à une latitude plus méridionale, on les appelle
Pigeons des bois. Ces oiseaux construisent leur nid sur les arbres de haute
futaie, et pondent deux oeufs blancs : leur chair est un mets exquis.
On a peine à se faire une idée, dit Latham, de l’innombrable quantité de
ces Pigeons voyageurs. A ffépoque de leur migration , leur essaim nombreux,
dont l’étendue occupe quelquefois deux lieues de terrain sur un quart de
lieue de largeur, obscurcit l’air. A la chûte du jour,-toute une troupe se
perche en peloton serré sur les arbres, dont les branches plient sous-le
poids. Le peuple de Philadelphie à coutume de les abattre’ de dessus les
toits des maisons. A la Nouvelle-Angleterre, on les abat durant leur halte de
nuit; ce qui n est pas difficile, vu que ces Colombes sont aisées à approcher,
la fatigue les rendant peu farouches. A la Louisiane, bn les surprend pendant
la nuit. Quand les chasseurs se sont assurés qu’une troupe de ces Pigeons
a pris possession d’un-arbre pour s’y reposer, ils l’entourent d’herbes odo--
riferantès, et y mettent le feu. Les Colombes, suffoquées par la fumée,
tombent de l’arbre, et deviennent pour eux une proie facile.
Latham s’est trompé en décrivant la femelle- Colombe voyageuse sous le
nom de Canada Turtle, et avançant, à cet article, dans le Synopsis o f
birds v. 4 / ,p. 658, que cet oiseau (qu’il décrit du reste fort exactement)
a les plumes de la queue d’égale longueur. Ce naturaliste répare cette
dernière erreur dans son index , où il en fait mention dans la division
des Pigeons à queue en forme de cône.' Brisson décrit succinctement le
mâle sous le nom de Pigeon sauvage d’Amérique. Le même auteur parle un
peu plus loin de la femelle, sous la dénomination de Tourterelle du Canada.
Nous reconnoissons parfaitement cette dernière dans la description
de Brisson ; mais il a eit tort de parler d’une femelle qu’il croit appartenir
à l’espèce de sa Tourterelle du Canada. L’oiseau que cë naturaliste présume
être de ce sexe n’est effectivement qu’une variété accidentelle dans
l’espèce, variété qui cependant est assez rare, et qùe-nous nous contenterons
d’indiquer succinctement , après avoir décrit le mâle et la femelle, que
nous avons figurés dans les.planches qui accompagnent cet-article.
Le mâle a sêize pouces depuis la pointe du bec jusqu’à l’extiémité de la
queue,.qui seule en a huit. Les ailes, longues de huit pouces, aboutissent
vers le milieu de la longueur de.la queiie : un gris-bleu cendré est la couleur
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