Tourterelle que tel Pigeon qui seroit plus petit ou de la même taille que la
Tourterelle d’Europe, on auroit 3u moins eu une base fixe et la limite
certaine des subdivisions ; mais des naturalistes ont donné la dénomination
de Tourterelle à des oiseaux de la taille de notre Biset, parcequ'ils
avoient la queue fortement étagée, ainsi qu’à d’autres dont la queue se
trouvoit carrée, caractère cependant qui auroit dû les déterminer a ranger
préférablement ces oiseaux dans leur division des Pigeons proprement dits;
quoique ces premiers se trouvoient être en effet plus petits que la Tourterelle
vulgaire qui servoit de type à ces auteurs.
Nous avons déjà rendu compte aux naturalistes qui nous ont précédés, des
raisons qui nous ont déterminés à ne pas adopter leur manière de voir sur
ce point, et nous avons cru que la division des Pigeons en sous-classes se
trouverait mieux définie par la méthode que nous établissons pour cet
ouvrage, Nous continuerons donc à placer tous ces oiseaux qui ont des
rapports avec notre Tourterelle dans notre première famille. Celle-ci contiendra,
comme nous avons dit ailleurs, tous les Ramiers,Pigeons proprement
dits, ainsi que les Tourterelles dont les formes extérieures ont rapport à
l’espèce qui habite notre climat. Nous établirons ensuite une seconde section
dans la famille des Colombes, pour ceux de ces Pigeons qui ont la queue
fortement étagée en forme de cône.
La Tourterelle, ou Colombe Tourterelle, est un oiseau de passage qui
arrive dans les parties tempérées de l’Europe vers le commencement de
mai, et dans les régions plus froides vers la moitié du même mois : elle nous
quitte à la fin de l’été , à l’époque où les jeunes de l’année se trouvent en
état de soutenir les fatigues du voyage; c’est alors qu’elles vont chercher
des contrées plus chaudes, afin d’y séjourner jusqu’au renouvellement de
la belle saison dans nos climats.
La Tourterelle est non seulement répandue dans presque toute l’Europe,
mais cm la trouve aussi en Chine , où elle porte le nom de Pancou.
Celle dont Sonnerat ( î j fait mention sous le nom de Tourterelle
brune de la Chine appartient indubitablement à notre espèce. Il en
est de même de la tourterelle grise de Luçon , décrite par le même
( ,) S o n c » , » poitrine « son do» sont d’uoe teinte lurreusc brnnltre, ,» . est pl.te oln.ro vert 1» gorgo, Je
chaque côté du cou il y a quelque, plumes noires, dont le, e.trdmuia tout duo gmuiendri, da.r Le, peüle,
couverture, des ailes sont brune,, terminées par du jaune d'orpiment ; quelque, une,, ,.,r le. bord, de a leJ
griasi le ventre et le, cuiae, août teint, d’un gri. vineux plu. el.tr, et blanchâtre ,„r les couverture, ...le,te
de ia queue ; l’iris, le bec et les» pieds sont rouges.
auteur (1). Nous voyons dans le second voyage de Siam (2) que notre espèce
se trouve aussi dans ce royaume : elle est encore répandue dans tout le vaste
continent de llnde. Nous avons reçu une Tourterelle tuée au Bengale,
absolument semblable à celles qui habitent en Europe. Ce fait, et le témoignage
de quelques voyageurs qui ont vu notre Tourterelle dans les diverses
parties de llnde et sur les côtes d’Afrique nous semblent des preuves assez
convaincantes à opposer au sentiment de BufFon, qui présume que les
climats de la zone torride opèrent, par la seule influence de leur température,
plus exposée aux rayons ardents du soleil, des changements dans le
plumage des oiseaux.
Si notre Tourterelle est effectivement le type d’un grand nombre de
variétés, dont BufFon fait l’énumération, et qu’il attribue à l’influence du
climat, comment se fait-il donc que l’espèce se retrouve en Chine, dans
1 Inde et sur les côtes d’Afrique, revêtue de la même livrée que dans
notre pays ?
La Tourterelle recherche les lieux les plus retirés et les plus sauvages}
elle aime la fraîcheur en é té , et son nid se trouve d’ordinaire près de
quelque eau limpide. Ce nid est composé de menu bois, disposé à claire-
voie, tellement qu’il est facile de découvrir à travers, et du pied de l’arbre,
les deux oeufs blancs que l’oiseau couve. La femelle partage alternativement
avec le mâle les soins de l’incubation.
Les Tourterelles sont très communes en Angleterre, particulièrement
dans la province de Kent ; leur migration dans cette contrée a lieu vers la
fin d’août ou au commencement de septembre. A l’arrière-saison, elles se
répandent dans les champs de blé et d’avoine nouvellement moissonnés ;
elles sont aussi très friandes de pois : on voit ces Pigeons se réunir par centaines
dans les endroits où on a fait la récolte de ces semences.
La Tourterelle mesure en totalité onze pouces ; ses ailes ont six pouces
et demi de longueur $ elles s’étendent jusqu’aux trois-quarts de la longueur
de la queue. La partie supérieure de la tête et la partie postérieure du cou
( 1 ) L a poitrine et le ventre sont d ’un gris-vineux ; la tète et le cou d’un gris-c endré; quelques plumes sur les
côtés du cou sont terminées par une bande noire ; les rémiges sont noirâtres, les couvertures sont de cette couleur,
mais terminées par une teinte d ’un jaune b runâtre; les plumes d u dessus de la queue sont no ires , celles du dessous
sont blanches ; le b e c , l’iris et les pieds sont rouges.
(a) Nous vîmes dans le royaume de Siam deux sortes de Tourterelles ; la première est semblable aux nôtres, et
la chair en est bonne; la seconde a le plumage plus b e a u , mais la chair en est jaunâtre et de mauvais goût. Les
campagnes sont pleines de ces Tourterelles. («Second voyage de Siam, p. a/jS, et Geronier, Histoire naturelle
et politique de Siam , p. 35. )