20 HISTOIRE
habitudes, l’ayant décrit de manière à ne laisser rien à désirer, nous
transcrirons en entier la partie descriptive de son texte, qui a rapport à la
manière de vivre de cet oiseau.
« Notre Colombi-Galline (dit Le Vaillant) tient des Pigeons proprement
« dits, ou des Colombes, par la forme de son bec, qui est absolument le
« même que chez ces derniers, et par la nature de ses plumes 5 mais il en
« diffère par le barbillon nu et rouge qui pend sous son b e c , par ses
« tarses plus longs que chez les Pigeons, par la forme arrondie de son corps,
« par le port de sa queue courte qu’il tient pendante comme les perdrix
« portent la leur, et enfin par ses ailes arrondies ; caractères qui, tous, en
« le rapprochant des Gallinacés, placent naturellement cette intéressante
« espèce entre les Colombes et les Gallines , comme pour marquer et
« former le passage entre ces deux genres.
<c Cet oiseau niche à terre, dans un petit enfoncement recouvert de
« bûchettes et de quelques brins d’herbes sèches , sur lesquelles la femelle
« pond de six à huit oeufs d’un blanc-roux, que le mâle et la femelle
« couvent alternativement. Les petits, qui naissent couverts d’un duvet gris-
cc roussâtre, courent au sortir de la coque ; et dès cet instant ils ne
« quittent plus le père et la mère, qui les mènent par-tout en les rap-
« pelant sans cesse et les couvrant de leurs ailes pour les réchauffer ou
« les préserver de l’ardeur du soleil. Leur première nourriture est des
« nymphes de fourmis, les insectes morts, et les vers que le père et la mère
<c montrent aux petits, et qu’ils mangent seuls; bientôt ils sont en état de les
« trouver eux-mêmes; devenus plus forts, ils se nourrissent de toutes sortes
« de graines, de baies et d’insectes : et quoiqu’ils aient acquis tout leur
« développement, ils ne se séparent par couple qu’au temps des amours,
« manière d’être qui, à quelques légères nuances près, est la même pour
« tous les oiseaux qui appartiennent au grand ordre des Gallinacés (1). »
Nous avons donné à cette nouvelle espèce le nom de Colombi-Galline à
Barbillon, parceque ce caractère marquant dans cet oiseau sert très bien à
le distinguer des autres espèces qui composent cette famille. Il a une plaque
de peau nue qui engage son front et le tour de son bec; un mamelon charnu
se dirige sur sa gorge en s’étendant vers ses oreilles. Sa taille est à peu près
celle de la Colombe Tourterelle, quoique moins élancée que cette dernière;
sa longueur totale est de dix pouces.
( i ) L e Vaillant.
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La tête, les joues, le cou et la poitrine sont couverts de plumes d’un gris
ardoisé; les scapulaires et les couvertures supérieures des ailes sont d’un
gris argentin, terminées par un liseré blanc; le ventre, les couvertures supérieures
et inférieures de la queue, le croupion et toutes les couvertures du
dessous des ailes, ainsi que les flancs et le bord extérieur de la dernière
penne de chaque côté de la queue sont d’un blanc pur; la queue, qui est
légèrement étagée, est d’un brun roux en dessus et noirâtre en dessous; le
bec est rouge à sa base, et noir à sa pointe ; les pieds sont d’un rouge vineux ;
enfin les yeux ont un double cercle, l’un jaune et l’autre rouge.
La femelle n’a pas de barbillon, elle est plus petite que le mâle, et ses
couleurs seroient semblables aux siennes, si elles n’étoient plus ternes; les
couvertures de ses ailes ne sont point liserées de blanc.
Le Vaillant a trouvé cette nouvelle espèce dans l’intérieur des terres, au
pied des monts Herisies du pays des Namaquois. L’individu qu’il a rapporté,
et qui fait partie de son cabinet, nous a servi de modèle.