
choisissent dés trous de vieilles tours ou des creux d’arbres pour nicher et
élever leur progéniture: ceux-ci, soit par instinct ou par besoin, reviennent
souvent s’installer de nouveau dans les bâtisses que leurs parents avoient
fuies. Au reste, ces pigeons déserteurs, qu’on nomme aussi quelquefois
Rocherais, ne diffèrent en aucune manière du Biset de colombier, ni même
du véritable Biset sauvage que nous représentons dans la planche qui ao
compagne cet article.
Buffon donne un exposé très clair et en. même temps utile pour ce
qui concerne la manière d’établir les colombiers et d’y propager lest Pigeons.
Voici en substance le texte de cet auteur :
c Les Pigeons de colombier ne sont qu’à-demi domestiques, et retiennent
« encore de leur premier instinct l’habitude de voler en troupe ; ils produisent
« souvent trois fois l’annëe, pondent,- à deux jours de distance, presque
v toujours deux oeufs, rarement trois, et n’élèvent jamais que deux petits,
« dont ordinairement l’un se trouve mâle, et l’autre femelle ; il y en a même
i plusieurs, et ce sont les plus jeunes, qui ne pondent qu’une fois. Lepro-
« duit du printemps est toujours plus nombreux, c’est-à-dire, la quantité de
« pigeonneaux dans le même colombier est plus abondante qu’en automne,
« du moins dans ces climats. Les meilleurs colombiers, où les Pigeons se
« plaisent et multiplient le plus, ne sont pas ceux qui sont trop voisins de
a nos habitations; placez-les à quatre ou cinq cents pas de la ferme, sur la
V partie la plus élevée de votre terrain, et ne craignez pas que cet éloignement 1 nuise à leur multiplication; ils aiment les lieux paisibles, la belle vue,
« l’exposition au levant, la situation élevée où ils puissent jouir des premiers
« rayons du soleil. J’ai souvent vu les Pigeons de plusieurs colombiers situés
« dans le bas d’un vallon en sortir avant le lever du soleil, pour gagner un
« colombier situé au-dessus de la colline, et s’y rendre en si grand nombre,
« que le toit étoit entièrement couvert de ces Pigeons étrangers, auxquels les
« domiciliés étoient obligés de faire place, et quelquefois même forcés delà
« céder. C’est sur-tout au printemps et en automne qu’ils semblent rechercher
v les premières influences du soleil , la pureté de l’air et les lieux élevés. Le
« peuplement de ces colombiers isolés, élevés et situés haut, est plus facile, |
« et le produit bien plus nombreux que dans les autres colombiers » (i). y!:
Le Biset sauvage est, comme nous l’avons dit, le type de nos Pigeons de
colombier ; il ne diffère de ceux-ci que par sa couleur tant soit peu plu^sÇi
( i ) Buffon , à l’article d u Bisel.
les plumes du bas du cou ont dea teintes moins vives, et les reflets ne sont
pas si éclatants que dans les Pigeons de colombier. Ces oiièaux Sont voyageurs?
ils émigrent toutes les années de nos climats, et vont chercher sous un ciel
plus doux la chaleur, qui leur paroît agréable et nécessaire. L’Europe, l’Asie
et l’Afrique nourrissent des Bisets dans d’état sauvage? ils sont en petite
quantité dans les climats exposés.au froid, mais les pays chauds en sont
abondamment peuplés : on trouve beaucoup de Bisets en Perse et en
Égypte. Maugé observa ces oiseaux à Ténériffe , où ils habitent par
grandes bandes, et nichent dans les énormes rochers qui bordent la mer
dans ces parages. Près du village des Gouanches, fameux par ses momies,
Maugé tua plusieurs Bisets sauvages ? mais ces oiseaux tombant toujours
entre les rochers et dans les précipices, ce naturaliste ne put se procurer
qu’un petit nombre d’individus. Par cette habitude qu’a le Biset de
nicher dans les trous des rochers, et de préférer ces demeures à celles qu’il
pourroit construire sur les arbres, il est facile de voir que nos Pigeons de
colombier doivent leur origine à cette espèce : des oiseaux qui, dans l’état de
liberté, vont de préférence placer leurs nids dans les rochers, étoient bien
plus propres à s’accoutumer à nos colombiers, que des espèces de Pigeons
accoutumés à vivre dans les forêts. Une preuve sert à nous confirmer dans
cette opinion : les Pigeons fuyards ou déserteurs de nos colombiers
retournent à leur état primitif, donnent toujours la préférence aux vieilles
tours et aux masures pour y nicher? ce n’est qu’à leur défaut qu’ils construisent
dans les trous des arbres, mais jamais sur les arbres, comme le font
les Ramiers et les Colombins.
Le Biset sauvage, mesuré depuis le bout du bec à l’extrémité de la queue,
porte treize pouces ? son envergure est de vingt-six pouces? les ailes, lorsqu’elles
sont pliées, touchent presque le bout de la queue? le bec a dix lignes ?
la tête, la partie supérieure du dos, les couvertures des ailes, la poitrine et le
ventre sont d’un cendré tirant sur le bleu les couvertures des ailes sont d’une
teinte plus foncée? la partie inférieure du dos est blanche, le cou est d’un beau
vert à reflets? les grandes pennes des ailes sont noirâtres? les secondaires et
les grandes couvertures sont d’un cendré tirant sur le bleu? elles sont terminées
de noir, ce qui forme sur chaque aile deux bandes transversales ? la
queue est du même bleu que le corps ? toutes les pennes sont terminées
de noir’, et la plus extérieure de chaque côté a ses barbes extérieures
blanches? le bec est d’un rouge pâle? les pieds sont rouges et les ongles
noirs. 8