la quantité des figures publiées par les divers auteurs se réduit
tout au plus à trente images d’oiseaux étrangers; ajoutez à ceci le
peu d’ordre qui règne dans ces tribus, et le peu d’exactitude qui
se trouve dans les descriptions.
En effet, l’on ne sauroit voir, sans être étonné, que les genres
des Pigeons et des Gallinacés soient si mal divisés en sous-classes,
sur-tout que les auteurs modernes aient pu suivre constamment
la méthode défectueuse et si peu conforme aux voies de la nature,
que Linné nous a transmise. Le savant Latbam a, il est vrai,
amélioré en quelque sorte cette nomenclature/en divisant le
genre Tétrao de Linné, et en formant le genre Perdrix; mais
cet auteur auroit encore pu subdiviser ce dernier en deux autres
genres, que l’inspection seule des peaux desséchées paroit indiquer
assez clairement, sans même prendre garde aux différences
qui existent dans les moeurs de ces oiseaux. Tous les nomen-
clateurs modernes continuent à ranger les Coqs dans le genre
Phasianus, ils font de l’Éperonnier un Paon, de l’Argus un
Faisan; ils prennent plaisir à mêler ¡¿distinctement les Hoccos
aux Pénélopes, et ceux-ci se trouvent souvent placés parmi les
Faisans ; l’Agami est rangé parmi les oiseaux riverains ; ils transforment
les Perdrix en Pigeons, placent la femelle dans un genre
différent de celui où se trouve le mâle, et je 11e finirais pas en
additionnant tant d’autres absurdités.
H paraît que la majeure partie des Pigeons et des Gallinacés
habitent de préférence les parages de la zone torride : l’Asie
méridionale, les iles de l’Archipel indien, le vaste empire de la
Chine, et la partie de l’Afrique située entre les tropiques, sont
IN T R O D U C T IO N . v
les lieux principaux de leur demeure, ils ne sont nulle part en
aussi grande abondance, et leurs espèces y sont multipliées.
L ’Europe et l’Amérique nourrissent aussi plusieurs oiseaux qui
appartiennent à ces ordres, mais les espèces ne sont point nombreuses
dans ces contrées; l’Amérique sur-tout fournit peu
d’oiseaux qui puissent être comparés à nos Faisans et à nos
Perdrix ; Hoccos et les Pénélopes sont, dans cette partie du
globe, les représentants des véritables Faisans, tandis que les
Tinamons et les Colombi-Gallines y remplacent le genre Perdrix,
dont les espèces y sont, rares.
Ce Traité complet renfermera non seulement tous les Gallinacés
proprement dits, mais nous y décrirons aussi tous les
oiseaux qui ont des rapports plus ou moins directs avec cet ordre,
tels que les Outardes ; ceux-ci se lient aux Gallinacés par les
Tridactyles ou Turnix. Les Autruches et les Casoars, quoique
d’une taille gigantesque, ont cependant, à peu de chose près,
les mêmes moeurs que les Turnix et les Outardes; ils termineront
le chaînon qui lie imperceptiblement toutes ces petites familles.
Les Pigeons, placés dans un ordre différent, forment une tribu
qui se l ie, par son naturel et par plusieurs de ses babitudes,
à la nombreuse famille des Gallinacés; ces beaux oiseaux n’ont
pas jusqu’ici attiré l’attention particulière du naturaliste ; leur
classification en sous ordres est encore très défectueuse. La
monographie complète des Pigeons formant le premier volume
de cet ouvrage, prouvera que ces oiseaux ont des relations
intimes avec l’ordre des Gallinacés, que plusieurs des petites
familles ou sous-divisions y tiennent de fort près , même qu’il y
b