Colombinsont de la même espèce: lorsqu’il sera question de ces oiseaux nous
tâcherons de les mieux faire connoître, et nous prouverons leur dissemb ance
Le Ramier est la plus grande espèce d’entre nos Pigeons indigènes, il
n’habite pas l’Europe dans toutes les saisons de l’année, la plupart de ces
oiseaux émigrent dans le mois de novembre, et reviennent s’établir dans nos
contrées vers le commencement de mars; on ne les voit qu’en avril dans les j
climats septentrionaux. Buffon a vu plusieurs nids de Ramiers dans le corn-
mencement d’avril, les Ramereaux étoient déjiLforts a cette epoque. e
Pigeon fait deux pontes par an, la première est en avril; les Ramereaux
prennent alors leur essor dans le mois de mai: la seconde ponte se fait en
juillet, et les Ramereaux volent en août. Dans ces deux périodes de lannee
on voit régulièrement de jeunes Ramiers.
Le Ramier place son nid sur la cime des plus hauts arbres, et le construit
en entrelaçant assez grossièrement une certaine quantité de branches seches,
c’est là que la femelie dépose ses oeufs, au nombre de deux, quelquefois elle
en pond trois, mais ce cas est extraordinaire; le mâle et la femelle cquvent
alternativement ; l’incubation est de seize ou de dix-huit jours.
Ce Pigeon aime à se percher sur les branches élevées de quelque arbre
mort, habitude qu’il a en partage comme presque tous les oiseaux dont le naturel
est farouche, et qui s’enfuient à la première indice du danger; perche
sur la sommité d’un arbre mort, l’oiseau aperçoit au loin son ennemi: aussi
e st-il très difficile d’approcher du Ramier à portée du fusil. On ne parvient
guère à le tirer dans les bois, même en employant toutes les ruses, tel
oiseau, très méfiant, prend son essor au plus léger bruit.
Les Ramiers ont pour ennemis la Martre des arbres, qui leur ravit leurs
oeufs et leurs petits; le Milan et le Faucon pèlerin les guettent du haut des
airs- ils paroissent ne pas craindre beaucoup la Buse, puisque, outre un lait
rapporté à cette occasion par M. Mayer, j’ai été dans le cas de faire aussi
une observation à cet égard. Dans une campagne voisine de la Haye, on pren
toutes les années, avec de petits filets, un nombre considérable de Ramiers;
les Buses sont toujours en très grande abondance dans ce lieu, que cepe
dant les Ramiers ne quittent pas. Ils ne paroissent point craindre c
rapaces. . j i l
Je ne suis pas du sentiment de M. de Buffon, qui présume que 1«
plus-grandes races de nos Pigeons de volière sont issues des Ramiers; »
la chose étoit ainsi, on verroit certainement parmi ces Pigeons domestiqu
DES COLOMBES. 5
des individus dont le plumage porte quelque indice d’une telle origine : au
reste, le Ramier ne propage pas avec le Biset, môme en captivité, et cela
seul détruit la supposition de M. de Buffon. Il est assez connu de nos jours
que le Biset doit être considéré comme le type de nos Pigeons de colombier,
et que les variétés accidentelles de ces derniers proviennent, pour la plupart,
des races de nos Pigeons de volière. Nous nous étendrons plus au long
sur ces pigeons soumis aux caprices des hommes, et nous ferons connoître
toutes les races constantes de ces oiseaux à l’article du Biset sauvage.
Le Ramier se trouve dans plusieurs contrées de l’Asie et de l’Afrique} mais
on auroit beaucoup de difficultés à reconnoître l’espèce dans toutes les indications
que les divers voyages autour du monde nous donnent de cet oiseau.
Ces indications sont trop succinctes, non seulement pour y retrouver le Ramier
de nos climats, mais même toute autre espèce exotique. On parle dans ces
relations de Ramiers d’un gris plus ou moins obscur, sans autres définitions
de couleurs, ou bien d’attributs caractéristiques.
Dampier (1) a vu des Ramiers à la baie de Tous les Saints} il est incertain
cependant si effectivement ces pigeons étoient de l’espèce qui habite en Europe,
ou bien si ces Ramiers, dont le plumage est d’un gris plus ou moins obscur,
étoient des espèces propres aux climats de l’Amérique} nous connoissons dans
cette partie du monde plusieurs Colombes, dont les teintes principales du
plumage sont d’un gris plus ou moins sombre} et ceux-ci sont néanmoins des
espèces différentes de nos Ramiers d’Europe.
La Colombe ramier, mesurée depuis le bout du bec à l’extrémité de la
queue, a environ dix-sept pouces et demi} son envergure est de deux pieds
cinq pouces} la queue dépasse les ailes de deux pouces lorsque celles-ci sont
dans l’état du repos.
Le Ramier se distingue par une tache blanche qui se dessine des deux côtés
du cou} toutes les autres parties du cou sont d’un cendré bleuâtre, avec des
reflets de vert et de pourpre} les parties inférieures du plumage sont d’un gris
clair; le manteau et les petites couvertures des ailes sont d’un cendré bleuâtre;
le dos et le croupion ont une teinte de gris bleuâtre; les grandes pennes alaires
sont noires, avec un petit liseré blanc ; le blanc pur règne sur les barbes
intérieures des couvertures les plus voisines du bord de l’aile; la queue est
d un cendré bleuâtre, passant au noir vers l’extrémité des pennes; le genou
est recouvert de plumes; la partie nue du tarse et les doigts sont d’un beau
* ( i ) Daiupicr, f . 4 1 p. 66.