Tourterelle à collier du Sénégal des planches enluminées 161 n’est qu’une
Tourterelle à collier, et le véritable type de l'espèce q u i, dans nos climats,
se trouve réduite à la domesticité; espèdfe q u i, comme npus le verrons-
plus loin à l’article de la Colombe Blonde, n’a que peu perdu de sa parfaite
ressemblance avec la souche primordiale.
Il est encore une autre espèce que Buffon réunit à notre Ëmeraudine.
Cet auteur présume que la Tourterelle à gorge tachetée du Sénégal, de
Brisson, étant de la même grandeur et du même climat, n’est qu’une variété.
Nous nous proposons de relever cette erreur à l'article de notre Colombe
maillée, planche 45 de cet ouvrage.
Notre Colombe Ëmeraudine a été décrite par Brisson sous la dénomination
de Tourterelle du Sénégal. Latham, et en dernier lieu Le Vaillant, ont
aussi donné une description exacte de cet mseau : c’est à ce dernier que nous
devons la connoissance plus parfaite de l’espèce.
La Colombe Ëmeraudine est d’un tiers plus petite que la Colombe Tourterelle
d’Europe: elle s’en distingue particulièrement par sa queue très
courte et arrondie ; sa longueur totale est de huit pouces; les pennes de sa
queue n’ont que deux pouces neuf lignes; le dessus de la tête est d’un gris-
bléuâtre, qui blanchit un peu vers le front; la gorge est blanche ; la partie
inférieure du cou et la poitrine sont d’une couleur lie de vin claire, qui
blanchit vers le bas-ventre, et les couvertures inférieures de la queue, le
derrière du cou, le manteau et les couvertures alaires sont gris-brun; il y
a sur quelques unes des couvertures les plus proches du corps, des taches
d’un vert éclatant; les pennes secondaires de l’aile sont rousses, qui est
la couleur de toute sa partie intérieure ; les rémiges sont d’un gris-brun
sur leurs barbes extérieures ; le croupion , d’un gris cendré , est traversé
de deux bandes noirâtres ; les couvertures supérieures de la queue portent
également deux bandes noires sur fond gris ; les pennes caudales sont tontes
noires en dessous, excepté la plus extérieure de chaque côté, qui est blanche
à son côté extérieur, depuis son origine jusqu’aux deux tiers de sa longueur;
en dessus, les deux du milieu sont brunes, et les latérales sont gris-
brun à leur origine, et noirâtres Vers leur bout; le bec est noir-brun ; les |
yeux sont rougeâtres, et les pieds d’un rouge vineux.
La femelle est plus petite que le mâle, et lui ressemble en tout, à l’exception
que les taches vertes des ailes sont chez elle plus petites que chez
ce"dentier. Le mâle fait partie de ma collection, et la variété appartient a
M. Dufresne, naturaliste.
Une variété de cette espèce, que nous avons figurée planche 5g , difiere
en ce que la totalité du plumage est d’une teinte plus claire. Un ton vineux
y domine généralement par demi-teintes ; les couvertures inférieures de la
queue sont noires, et les grandes taches brillantes répandues sur les couvertures
des ailes sont, dans cette variété, d’un beau violet à reflets pourprés;
du reste, elle ressemble en tout à notre Émeraudine de la planche 58.
« La Colombe Ëmeraudine, dit Le Vaillant, est très abondante vers les
« rivières du Gamtos, du Louri et du Van-Staaden; on en voit aussi beau-
« coup sur les bords de la petite et de la grande rivière des Poissons, et
« dans tout le pays des Cafres : elle niche dans les buissons et sur les rami-
cc fications du Gaulis, et pond deux oeufs blancs. Le roucoulement du mâle
« s’exprime de la manière la plus touchante; c’est une suite de sons
« langoureux cou-cou-cou-cou répétés à perte d’haleine, et en baissant
« insensiblement la voix. Ces sons remplissent tellement l’air environnant,
« que, malgré que l’oiseau les exprime souvent près de vous, car il est peu
« farouche, on a peine à distinguer le lieu d’où ils partent. »
Cette espèce habite, comme on voit, la partie méridionale de l’Afrique,
jusqu’aux pays des Cafres: on la retrouve encore au Sénégal. La variété
décrite par nous, planche 5g , faisoit partie d’un envoi de ce pays : nous
en avons reçu deux individus parfaitement semblables. L’Émeraudine figurée
dans notre planche 58 fait partie du cabinet de M. Dufresne, au jardin des
Plantes.