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crocodile , l’atteignoit, saut oit sur son dos ,
lui passoit dans la gueule un bâton avec lequel,
comme avec un mors, il l’amenoit sur
le rivage, où il le mettoit à mort.
Près des ruines de Tentyris, est un gros
village qui n’a conservé de la splendeur de
l’ancienne ville que son nom de Dendera,
qui rappelle quelque chose'de son antique
origine. Il est bâti à quelque distance de la
Vive occidentale du Nil, à l’extrémité d’une
plaine extrêmement fertile. Des vergers qui
l’entourent, et dont les fruits, tels que les
oranges, les citrons, les grenades, les raisins,
les figues, sont exquis, la rendent agréable,
et y procurent une fraîcheur délicieuse dans
des contrées brûlantes. Une forêt de palmiers
et d’arbres fruitiers, dont les anciens
ônt,parlé, existé encore dans ses environs,
et fournit la plus grande partie du charbon
que l’on consomme en Egypte.
Un prince Arabe , avec la qualité dÜEmir,
gouverne en souverain Dendera3 et le pays
qui l’environne : cependant, il paie un tribut
aux Beys du Caire. Je me présentai chez
Y Emir : il étoit fort mal logé ; les gens qui
l’entouroient avoient la plus mauvaise mine,
et tout, dans sa maison ,annonçoit plus que
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delà simplicité, un état misérable. Le prince
¿toit vêtu, de meme. que ses sujets, d une
longue souquenille noire, et il n eu étoit
distingué que par son turban. Mais ce qui
le distinguoit réellement, étoit le bon esr
prit dont il étoit doué , et qui le îendoifc
jbien supérieur aux autres hommes puissans
de l’Egypte. Après lui avoir remis les lettres
des Beys, et celle de son voisin le Scheick
Arabe Dervisch 3 je reçus de lui l’accueil
le plus gracieux.
L ’Emir' n'attendit pas .que je lui parlasse
de mon désir de visiter-les vestes de Tentyris
$ il me prévint, en m’offrant les moyens
d’y aller avec sûreté. Il me parla de plusieurs
Européens qu’il avoit vus chez lu i , et je
m’apperçus qu’il en parloit avec plaisir. La
sotte , opinion , généralement répandue en
Egypte sur le motif des recherches des
voyageurs, n’entroit pas dans sa manière
de penser. Les Francs n’étoient pas à ses
yeux des magiciens, à la voix ou aux signes
desquels les trésors les plus profondément
enfouis sortaient incontinent du sein de la
terre. Un des Arabes qui l’entoüroient, lui
ayant demandé en ma présence ce que nous
venions faire dans leur pays, et quel étoit