verre d’eau. Les moines de la propagande
qui ne se maintenoient dans ces contrées
que par l’exercice de la médecine , em*
piojoient avec succès , pour les hommes,
un purgatif dont ils auroient pu user également
pour les chevaux , et qu’ils compo-
soient avec l’aloès-, la coloquinte et la
gomme gutte. Us en formoient des pilules,
dont ils faisoient avaler une dragme.
Les feuilles du séné , plante indigène à
l ’extrémité méridionale de l’Egypte , s’y
donnent a tres-grande dose, sans inconvénient
et presque sans effet. Peut-être le
séné frais n a-t-il pas la même vertu purgative
que lorsqu’il est desséché ; à-peu-près
comme la manne dont on se sert dans le
Kurdistan} a Diaïbekir 3 à Ispahan, et
dans d’autres contrées de l’Asie, au lieu de
sucre dans les mets et dans les pâtisseries,
et dont on mange beaucoup sans qu’elle
purge (i).
J’ai dit que les maladies qui attaquent
les sources mêmes de la génération étoient
très-communes en Egypte. Elles se sont
propagées jusques dans les cantons les plus
(i) Voyez k Description de l’Arabie par Niébur,
page 129.
reculés.
reculés. Les moines les guêrissoient fort
bien. Ils n’employoient pas le mercure dans
le traitement, mais seulement des sudori-
fiques ; et loin de mettre les malades au
régime , iis leur recommandoïent au contraire
de prendre beaucoup d’aîimens. Les
Arabes ont une méthode de guérison qui
leur est particulière. Us font un trou dans
le sable, et ils s’y enfoncent jusqu’au col :
ils demeurent ainsi sans manger, exposés à
la plus grande chaleur pendant la journée
entière. Le soir seulement ils prennent un
peu de nourriture. L ’on m’a assuré qu’ils
îepétoient ces brûlantes stations, pendant
vingt ou trente jours de suite.
Mais un fait très-singulier, et que je n’ai
garde de^garantir; quoiqu’il m’ait été attesté
par plusieurs personnes , entr’aiitres par les
Récollets de Néguadé } est la propriété étonnante
que l’on attribue à la fumée du mastic
(1), de tuer les malades qui la respirent.
Il est possible , vraisemblable même, que
ce ne soit qu’un préjugé ; mais il est
si enraciné et si généralement répandu ,
(1) Résine qui, dans les îles de PArcbipel , et en
particulier à Scio , découle du Ientisque ; Pista cia
lentiscus. L .
Tome 1 1 1 . q