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donna une très-belle tête antique de marbre
blanc, perdue avec une foule d’autres objets
curieux qui m’ont été pris.
Continuant à descendre le Nil, dont les
eaux s’épaississoient, et se gonfloient tous les
jours, nous nous arrêtâmes, le 2£j,àjR.eishie,
village du bord occidental du fleuve, dans
lequel nous achetâmes quelques provisions.
De là, nous allâmes à Kelhé, autre village
du même côté, et à une demi-lieue de Sahet,
où j’avois eu tant de contestations, avec le
Mamelouck qui y commandoit , et avec le
patron de mon bateau. Ce canton devoit
m’être funeste.« Je le trouvai dans la plus
grande agitation. Des villages entiers, profitant
des troubles que causoitl’approche delà
guerre dont la haute Egypte alloit devenir le
théâtre , s’étoient révoltés , et refusoient de
payer dès tributs, que , dans l’incertitude du
parti que la victoire fayoriserpit, ils c'rai-
gnoient d’être forcés d’acquitter deux «fois.
Plusieurs de ces peuplades s’étoient armées
pour résister au Kiaschefàe Basjoura, qui
marchoit contre elles, afin de les contraindre
à rentrer dans l’ordre : celle de Kelhé étoit
du nombre. A peine eûmes-nous mis le pied
sur son territoire , que , trompés par nos
vêtemens
vêtemens, trente ou quarante fellahs, armés
de lances et de sabres, fondirent sur nous^
Nous avions avancé sans défiance, et nous
nous trouvions sans des moyens de défense
suffisans pour résister à une troupe aussi nombreuse.
Il fallut employer la seule ressource
qui me restât, de raisonner avec gens peu
susceptibles d’entendré le langage de la
raison. Cependant, après leur avoir demandé
pourquoi ils traitoient en ennemis, des étrangers
paisibles, je m’apperçus qu’ils nous
avoient pris pour des gens du K ia s ch e f
contre lequel ils se soulevoientÿilne me fut pas:
difficile de les détromper, et ils consentirent,
non sans quelque peine, à nous laisser.
Nous nous rembarquâmes à l’instant, mais
pour courir une autre sorte de danger. Le
vent souffloit du nord , avec violence ÿ le
fleuve, dont le cours est resserré, à cet endroit,
par une montagne de roches qui s’avance
dans son lit, se sillonnoit d’une houle
profonde, particulièrement dans les parties
où la rapidité du courant avoit à combattre
avec plus de force la résistance que le vent
lui opposoit. Ayant cherché à gagner le fil
du courant, nousy trouvâmes des vagues si
hautes, et si précipitées, que notre péilt
Ton^e I I L V