L ’Arabe qui commandoit à Lux or} pour
lsmciin-Æ)ou-Æi , et auquel je remis une
lettre de ce prince, me reçut fort bien. Nous
montâmes à cheval le 18, et nous fîmes,
sous son escorte, le tour des ruines de l’ancienne
résidence des rois d’Egypte. Ce qu’elle
renfermoit de superbe, et la grandeur de-son
enceinte, surpassent l’imagination. Mais de
» palais dont les restes semblent n’avoir subsisté que
» pour effacer la gloire de tous les plus grands ou-
» vrages. Quatre allées à perte de vue, et bornées, de
» part et d’autre, par des sphinx d’une matière aussi
» rare que leur grandeur est remarquable , servent
.» d’avenues à quatre portiques'dont la hauteur, étonne
» les veux. Quelle magnificence, et quelle étendue!
» Encore , ceux qui nous ont décrit ce prodigieux
» édifice , . ffont- ils pas eu le temps d’en faire le
» tour , et ne s'ont. pas même assurés d’en avoir vu la
» moitié r . mÿs ¡tout ce qu’ils y. ont vu ..ét.oit: surprenant.
» Une salle ., qui, apparemment, faisoit le milieu de
•» ce superbé palais, étoit soutenue die six.vingts col Panes
» de six brassées de grosseur;, grandes.à: proportion,
» et entremêlées d’obélisques que tant de siècles n’ont
» pu abattre. Les couleurs même, c’est-à - dire , ce
» qui éprouve le plutôt le pouvoir du temps, se son-
» tiennent encore parmi les ruines de cet admirable
» édifice, et y conservent leur vivacité ; tant l’Egypte
s> savoit imprimer le caractère d’immortalité-à tous ses
» ouvrages, a Vise, sur PHist. Univ. part. ZZZ, $ .3»;
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nouveaux événemens vinrent m’arracher à
des ruines dont je me proposois d’examiner
les parties les plus remarquables, et de faire
prendre des dessins. Le seüïique j’aie eu le
temps de faire tracer est Celui de la planche
X.XX.V I I f qui représente une colonnade
singulière de là portion dé ruines dont
le village de Luxor est environné. L ’Egypte
supérieure alloit encore devenir le théâtre
d’une guerre entre les Mameloucks. Des
Beys du parti vaincu tflsmaïn a voient trouvé
le moyen de gagner la Thébaïde depuis la
mer Rouge , et de s’y faire assez dé partisans
pour causer de- l’inquiétude au vainqueur
Mourat Bey. Celui-ci envoyoit pour
exterminer un reste d’ennemis , une petite
armée commandée par un Bey de sa; maison.
J’étois entre deux bandes de coriibattans également
indisciplinés et intraitables, et se
portant également aux plus grands excès. Le
désordre attaché à ces troupes , dont les
hommes qui les composoient n’avoient d?un
vrai soldat que la bravoure , se commüniquoit
aux cantons où leurs cohortes passoient. Pillant
et dévastant eux-mêmes , ils laissoïenfc
le champ libre aux pillages et aux dévastations.
Des voleurs dépouilloient les voyageurs