On ne voit point en Egypte, au milieu des
troupeaux de brebis et cfe chèvres, un animal
d’pn autre genre, qui fait, dans nos pays,
une des richesses agricoles, et l’un des ali-
meqs les plus communs , comme la viande
la plus savoureuse. Les législateurs de l’Orient
, a comulen.çer par les prêtés de l’an-
ciqnny Egypte, se sont accordés à - proscrire
la chair du cochon. Cet animal étoit immonde
aux yeux deS Egyptiens en particulier.
Si quelqu'un venoit â le toucher, ne
fûfe-çe qu’en passant, il devoit se plonger
dans le Nil avec ses habits. Ceux qui en
gardoient les troupeaux formoient une classe
isolée, et qui étoit rejetée de la société des
autres hommes; Egyptiens eux-mêmes, l’entrée
des temples de l’Egypte leur étoit interdite.
Personne ne vouloit leur donner ses
fiil.es en mariage, ni épouser lesleurs;(i). Cependant
, tandis que les Juifs, qui a voient
pris en Egypte ce|te horreur poui* te'-eochon,
n’en iinmoloient, et n’en mangeoient dans
aucun temps, tes Egyptiens en sdcrifioient,
une fois l’année, à la Lune; et, ce jour-là
seulement, le jour dp la fête de ja pleine
( i ) H é fpd o te 3 lib. I l 3 § . 4 7 , traduction du 'cit.
Larclier.. . , . ■ ji • .
lune , il leur étoit permis d’en manger (1)*
Il n est pas raisonnable de penser qu’une
aversion aussi générale chez un peuple célébré,
n.ait eu d’autre fondement, comme
quelques personnes l’ont c ru , qu’une répugnance
naturelle pour l’appétit vorace
qui porte ces animaux à fouiller dans les tas
d’ordures les plus infectes. Il eût fallu, par
la même raison, rejeter la chair des poules,
lesquelles, comme l’on sait, avalent avidement
les choses tes plus sales et les. plus
dégoûtantes.
L ’usage -de s’abstenir de la chair de pore
avoit-sans doute son principe dans les règles
de l’hygiène , indispensables sous un ciel
brûlant; et l’on en sera convaincu lorsqu’on
observera que la race des porcs, naturelle aux
climats chauds , tient plus du cochon de la
Chine ou d& Siam et de l ’Inde (2 ) , que
du cochon d’Europe ; que ces cochons de
Chine } éleves merae dans nos pays froids
donnent une viande plue délicate, à la vérité *
mais plus chargée de graisse que celle des*
cochons communs ; que cette viande très-
bknche, très-appétissante, mais si grasse en
(1) Ibid. Notes du citoyen Larcher.
(2 ) B u f fo c } Hist. uat, des Quadvup. — Sus porcus.
T 2