prêclier contre eux, les traiter ouvertement'
d'hérétiques et de chiens , et les damner
sans miséricorde.
Une pareille intolérance , ces pieuses injures
a voient peut-être du mérite en théologie
; mais elles étoient extrêmement préjudiciables
au commerce et à l’accroissement
des connoissances. En effet , des
moyens de cette nature interceptoient des
communications déjà si embarrassées , et
fermoient le passage aux Européens qui n’é-
toient pas missionnaires , et qui pouvoient
avoir la prétention d’être plus utiles que
des Récollets ne convertissant personne, et
avilissant lé nom de Francs par une vie orgueilleusement
mendiante , et onéreuse au
petit nombre d’Egyptiens, catholiques ; car
toute leur science se réduisoit à faire des
dupes : e t , comme le peuple n’étoit pas doue
d’assez de discernement pour distinguer les
missionnaires de tout autre Européen, ij
s’imaginoit que nous n’allions en Egypte que
pour outrager les Coptes,, et les représem
ter sous les couleurs les plus défavorables.
Nombreux, puisqu’ils constituent la véritable
race Egyptienne, et puissans à raison
de la confiance des grands, dont ils régissoiëntles
affaires , ces aborigènes * si différens
deleurs ancêtres, se servoient, à leur tour, de
leur crédit pour faire considérer tous les
Francs comme des hommes dangereux et
méprisables. De là nâissoient, en plus grande
t partie, les obstacles que lé voyageur en
: Egypte avoit sans cesse à vaincre ; en sorte
que ces établissemens dé missionnaires,'formés
pour l’intérêt du c ie l, n’étoient utiles à
personne sur la terre, et devenoient nuisibles
aux progrès des sciences, en ferman t leà
[ voies aux hommes1 courageux qui se dé-
vouoient, à travers les dangers , à l’aeerois-
I sement des'connoissances humaines, et aux-
i quels, du reste, les moines n’étoient d’aucun
secours.. Il n’est point, au contraire,
j dé voyageur Européen qui n’ait eu à se
plaindre d’hypocrites que l’éloignement et leur
habitude du pays rendoient plus à ctaindre.
Personne n’a été plus que moi à portée
de Connoître l’esprit d’hommes pervers ,
vivant d’impostures et de charlatanisme :
leur plus grand soin étoit d’éloïgner d’eux
leurs concitoyens dont ils redoutoiènt les
regards, et ils ne négligeoient rien pour s’en
défaire.
Le supérieur de Néguadé avoit appris l’ac