dònne un produit de cinquante pour un.
L ’on m’a même attesté à Nêguadê que
six à sept ans avant mon arrivée, un cultivateur
avoit recueilli cent cinquante fois
la semence ; mais cette observation , en la
sqppôsant exacte , ne présentant qu’un fait
isolé et particulier, ne peut entrer dans des
considérations générales* Depuis quelques
années, les habitans se plaignoient de la
modicité des récoltés ; cependant, durant ces
rnêmes années, qu’ils regarcfoient comme des
temps de, disette, la terre avoit produit vingt
pour un.
Une pareille fertilité, qui n’a voit pas besoin
du secours dé l’exagération pour paroître
merveilleuse , est encore Susceptible ‘d’accroissement.
Ignorans et paresseux, les cultivateurs
Egyptiens ne savoient pas tirer tout
le parti du sol le plus fécond ; et les moyens
d’arr ose ment que la végétation réclame dans
un climat aussi chaud ,• étoient négligés oii
perdus en partie.
D’un autre côté, si l’on considère que nulle
part la Végétation n’a plus' de force et d’activité
quê sbr le sol dé la bau té Egypte ; si
l’on fait attention qué chaque espèce dé
culture n?bccupe pds long-téhips le terrain,
et que l’on en voit plusieurs s’y succéder et
y prospérer dans la même année, on sera
émerveillé de la mine inépuisable d’abondance
que cette terre antique renferme dans
son sein.
Et cette fertilité incomparable est encore
plus brillante au midi qu’au nord de l’E-
gyptë. La Thébaïde , qui tient h. la zone
torride ( i ) , sembloit, par l’ardeur du soleil
dont elle est échauffée 5 par les masses de rochers
qui l’enferment, et qui y repoussent et
concentrent la chaleur; par .l’élévation de
son terrain, plus difficile à inondér, devoir
être étrangère à la verdure et à la richesse
des inoissons : elle est néanmoins d’une bien
plus grande fécondité que le soi humide du
Delta. Ses produits , en tout genre, sont plus
surprenans. Les arbres'fruitiers l’ombragent
en plus grand nombre,1 et forment, en quelque
sorte , des forêts peu épaisses j 'qury entretiennent
la fraîcheur, et à l’orrtbre desquelles
l’on peut également së reposer et
voyager.
Outre la force végétative d’iitië^tefre pri-‘
Vilêgiéè, la manière dont les Egyptiens sèment
( I ) Le tropique du Cancer passe â-peu-près au-
dessus dès cataractes r oü à Testré'mité ded’Egypte.