Jtreis et sdn équipage à raison de deux
pataquès moins un quart, c’est-à-dire, d’eu-
Viron neuf francs par jour.
Celui du départ étoit fixé. Mais arrivée
Boulac, il. fut impossible de songer à re-
. monter Je Nil. Le vent souffloit avec vio-
ence u midi, et aucun effort n’auroit pu
inger un bateau contre son impétuosité,
iop content d’avoir quitté le séjour sombre
e .inquiétant du Caire', je,né fus pas teht^
d j retourner pour attendre un temps-plus
favorable, et je-préférai de passer la journée
a oulac. Afin de mieux déguiser ma qualité
d européen , j’avois abandonné la s este
a la Druse, pour me coiffer d’un turban
rouge en sorte qu’avec les autres parties de
mon habillement , je passois pour un Turc
et il m’étoit libre d’aller par-tout, frùrf
t e remarque. Çette précaution nj’avoit
été suggeree par Mourat % . lui - même«
“ §uise-toi avec soin, me disoit il avant
« mon départ, arrange-toi de manière que
” s P‘“ s cîairvojans ne puissent reconnoîtfe
% en toi un nazaréen. Tu le seras vis-à-vis
» de mes Kiaschefs, de tous ceux qui
»» ont l’autorité et qui doivent te protéger-
” ra8is Pour ces chiens de fe lla h s , paroji
t u )
» un Musulman ; Fais toi-même passer, dans
»» l’occasion,, pour un de mes officiers; c’est.
»> le seul moyen d’échapper à leur méchan-
s> ceté et à leur barbarie. «
Je restai la journée entière à me promener,
la pipe à la main, le long’du rivage <du Nil.
Un grand mouvement s’y faisoit remarquer.
Une multitude' d’hommes occupés à remuer
des ballots de marchandises, y répandoit
l’activité des ports conimerçans. Des bateaux
en nombre, rangés à la file,; s’enfonçoient
par degré dans l’eau, à mesure qu’ils re-
çevoient leur chargement; d’autres, dont
on débarquoit la cargaison, s’élevoient pardessus
les autres ; tous agités par les ondes
que soulevoit un vent impétueux, balan-
eoient leurs longùes antçnnes, et le tableau
mouvant et diversifié que me présentait le
port de Boulac, fit écouler rapidement les
momens que je fus obligé d’y passer.
Malgré le bruit qui régnoit sur ces bords
du fleuve, un vol de canards sauvages et
qui néanmoins ne l’étoient guère, nageoient
tranquillement sur une partie de la surface
de l’eau que le vent n’agitoit pas. Je vis
aussi deux courlis à plumage d’un vert foncé
et à 'reflets cuivrés. Je présume que c’est