Il est aisé de s’appercevoir que cette es-
pèce de palmier n’a d’autres rapports avec
le dattier que les caractères généraux qui
constituent le genre, et qu’il en diffère par
de grandes et nombreuses dissemblances spé-
cifiques. C’est donc à tort que le jésuite
Siccard a écrit que les doums étoient une
espèce de dattiers sauvages (i); et cette ob.
servation n’est pas hors de propos , car j’ai
entendu répéter la même erreur par quelques
personnes, d’ailleurs fort instruites.
Une autre méprise qui s’est débitée au sujet
du doum } c’est que l’on a prétendu que
l’espèce de gomme résine que l’on nous apporte
d’Afrique et des Indes sous le nom de
bdellium 3 et qui n’est autre chose que la
myrrhe commune et imparfaite, découloit de
ses tiges. Cependant il est bien certain que
l’on ne tire du palmier de la Thébaïde ni
gomme ,.ni aucune autre sorte de substance
analogue.
Le doum produit des fruits deux fois l’année.
Ils sont arrondis et un peu alongés ; leur
grosseur est celle d’une orange , mais leur
(i) Mém. des Missions du Levant, tome.5 , page
222, Granger a aussi confondu le doum avec, le dattier
«awYage. ( Yoyage en Egypte, page 240. )
forme est irrégulière. Ils sont un des moyens
de subsistance pour la portion misérable du
peuple de la haute Egypte. On enlève la
première enveloppe qui est rouge, et l’on
mange la substance spongieuse et presque
sèche dont la noix est recouverte. Quoique ce
soit pour les Egyptiens un fruit savoureux,
je l’ai trouvé fort insipide. Je ne puis mieux le
comparer qu’au mauvais pain d’épices, dont
il a la sécheresse et la douceur fade et désagréable.
J’avois mangé en Amérique un fruit
dont le goût approche beaucoup de celui-ci, et
qui est produit par le courbaril} très-grand
arbre des contrées méridionales du nouveau
continent (1). La substance moelleuse du
doum est aussi un remède usité dans la
■Thébaïde. On la fait infuser dans de l’eau
avec des dattes, et cette boisson, qui rafraîchit
et purge doucement, est très-propre
à tempérer l’ardeur de la fièvre et à la guérir.
Je retrouvai dans le même lieu une dégoûtante
et horrible maladie, dont j’avois
vu des Nègres devenir les malheureuses victimes
, dans la colonie françoise de la Guiane,
où elle est connue sous la dénomination de
mal rouge. Un Egyptien qui en étoit atta-
(1) Himenoea courbaril. L
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