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éñveloppé d’une méchante manditle de laine,
toute déchirée et Fort sale, qu’il entr’ouvroit
à chaque instant pour cracher, sur ses habits.
Çet homme dégoûtant àvoît encore la coquetterie
de teindre sa barbe en rouge avec le
henné, sans doute afin de déguiser les preuves
trop évidentes de son grand âge. Mais cette
précaution le rendoit encore pliis laid, et la"
couleur de feu du henné, sur un visage ridé
et décoloré , produisoit un' effet très-déplâi-
sâilt. Mais si son physique étoit souffrant et
désagréable* sa tête étoit saine, et son esprit
montroit beaucoup de vivacité, Üne foule
d’Arabes et d’habitans l’entouroient ; il écou-
toit avec attention en même temps qu’il dictait
à ses secrétaires ; il dOnnoit dés ordres*!
et il rendoit des décisions avec une présence
d?esprit et une jüstessë admirables.
Je restai quelque temps devant la tente
ouverte du prince , et quand il eut terminé
les affaires les plus pressées, il demanda ,1
d’un ton assez sec, qui j’étois. Jè m’approchai',
et je lui remis là lettre de Mdufat bey.
Aussitôt qu’il en eut fait la lecture, il se récria.
sut* l’attëntibn de sën ami, qùi lui èii-'
voyoit un médecin d’un- savoir extraordinaire
, qui alloit etífiá le guérir de ses maux,
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et ils étaient nombreux. Mais celui dont il
paroissoit le plus affecté, et qu’il me confia
aussitôt, celui qui, à lui seul, eût causé le
désespoir du plus savant docteur , et dont
Jsmàïn prétendoit néanmoins que je dusse
le débarrasser, étoit son état de foiblesse et
d’impuissance pour dés jouissances auxquelles
il ne pouvoit se décider à renoncer.
Cette tache me fut indiquée comme très*
pressante à remplir j le reste seroit venu après.
Je devois commencer mes fonctions par le
rajeunissement de ce nouvel Æson , et de
la maniéré dont il m’en parloit, je voyois
que la chose lui .paroissoit aussi simple et
aussi facile que si j’eusse possédé l’art magique
de Médée. Afin de ne pas perdre de
temps pour une cure de cette importance,
le vieil Arabe me signifia que je l’accompa-
gnerois dans la visite de ses états, et que,
chemin faisant, il prendrait les remèdes réparateurs,
Jsmaïn étoit aussi dans l’usage de prendre
et de fumer du haschisch , préparation
enivrante du chanvre d’Egypte, sur laquelle
j ai donne ci-devant des détails, Chaque jour
il tomboit dans la douce torpeur, le k e if,
que cette plante procure ; mais l’habitude
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