Ce canton n’étoit rien moins qne tranquille.
Les fellahs des campagnes environnantes
se soulevoient ; ils refnsoient les impôts.
Des Arabes, desquels on exigeoit aussi
des tributs, s’étoient réunis aux mécontens.
Plusieurs Kiaschefs avoient joint leurs forces
pour marcher contre les rebelles, et ceux-ci
venoient de les battre complettement. Une
victoire sur l’autorité, ou, pour mieux m’ex*
primer, sur la tyrannie la plus alfréuse,
avoit fait de cette contrée le siège du trouble
et du désordre. Les champs étoient abandonnés
ou ravagés; les cultivateurs les quit-
toient pour courir aux armes ; les troupeaux
enlevés ou massacrés , toutes les sortes de
denrées deyenoient la proie des ennemis ou
des brigands. Les routes , fermées par des
bandes de voleurs , se refusoient à toute espèce
de communications et de rapports. Enfin,
la désolation régnoitsur un sol que la fertilité
disputoit à la barbarie. Toutes ces circonstances
y occasionnoient des pertes longues
à réparer , et surpassant de beaucoup
la valeur des tributs qu’on cherchoit à en
tirer. Mais l’indignation que produit une
odieuse tyrannie ne laisse pas la liberté d’en
envisager les suites. Les peuples * quelqu’avilis
qu’ils soient, se lassent enfin d’être
la propriété du méchant; et la puissance qui,
étrangère aux voies de la justice et de la
persuasion, méconnoît les droits de l ’humanité,
et qui, pour faire exécuter ses volontés,
n’a d’autres moyens que les rigueurs d’une
violence arbitraire , ne peut conserver une
longue existence , et doit infailliblement
s’écrouler sous le poids de sa propre oppression.
Quelques jours passés à Tahta, sans trop
sortir de la maison^ où L’état d’agitation du
pays me retenoit malgré moi, me mirent â
portée de faire de nouyelles observations
sur les maladies, et sur les méthodes de curation
que les médecins Egyptiens emploient.
Ils y distinguent plusieurs espèces de maux
vénériens, suivant la différence des symptômes,
et ils leur donnent des noms bizarres,
dont l’explication n’est pas facile à donner.
La dénomination générique est emharek ( la
bénite). Tantôt, c’est le mal des chèvres \
tantôt, le mal des chameaux. Cette dernière
espèce est regardée comme la plus dangereuse
, et la plus difficile à guérir.. Rien de
moins compliqué que le traitement de ces
maladies : il consiste, pour l’ordinaire, à man